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Littératureet Romans & Nouvelles  

Pour le sang de la Vierge
de Michel Mathe
Privat - Roman historique 2004 /  23 €- 150.65  ffr. / 221 pages
ISBN : 2-7089-5830-5
FORMAT : 14x22 cm

Au temps de l'affaire Calas

Le roman policier est un genre à lui seul et, depuis quelques années, le roman policier historique connaît une grande vogue. Il a ses grands auteurs et ses références prestigieuses (van Gulik ou Ellis Peters), ses héros (le moine Cadfaël ou le juge Ti…). Les éditions 10/18 s’en s’ont fait une spécialité avec leur collection Grands détectives. Des auteurs réputés s’y sont essayés avec bonheur : l’Italien Umberto Eco, l’Espagnol Arturo Perez-Reverte. L’Histoire peut être le sujet réel du livre dont l’auteur cherche à reconstituer une époque ou un milieu, ou au contraire elle peut n’être que prétexte à un récit qui seul intéresse le narrateur.

C’est à cette famille qu’appartient Le Sang de la Vierge, publié par les éditions Privat dans la collection Roman historique, dirigée par l’historienne J. Garrissson. L’histoire se passe à Toulouse en 1762, et l’auteur a manifestement pris plaisir à jouer avec son texte, qu’il truffe de clins d’œil aux Tontons flingueurs («on ne devrait jamais quitter Montauban»…), de jeux de mots, de formules rapides et définitives. Il est sans aucun doute davantage intéressé par son écriture que par le souci de la description historique. Dans son jeu de personnages, il se plait à introduire Marc-Antoine Calas. Les lecteurs avertis reconnaîtront Marc Antoine, dont le suicide jugé suspect a conduit les juges de Toulouse à «l’affaire Calas», l’une des affaires judiciaires de l’ancien régime, que l’intervention de Voltaire rendit définitivement célèbre : la «grande» histoire entre dans cette minuscule histoire par la petite porte.

Chez Mathe, l’Histoire, en fait, sert uniquement de décor à une affaire de tueur en série qui finira par être élucidée. Elle est prétexte à camper une dizaine de personnages dans le Toulouse du XVIIIe siècle : des truands aux notables de la ville en passant par une courtisane dont l’existence mouvementée permet d’introduire quelques scènes plus lestes. L’histoire pourrait donc avoir lieu aujourd’hui sans changements notables. D’un roman policier, on ne raconte jamais la fin ; en l’occurrence, le lecteur la devine assez vite. Une lecture distrayante, qui tient cependant davantage du récit de bande dessinée que du roman policier historique.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 06/08/2004 )
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