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Littératureet Romans & Nouvelles  

Le Voile brûlé
de Viviane Candas
Flammarion 2004 /  12 €- 78.6  ffr. / 124 pages
ISBN : 2-08-068706-9
FORMAT : 14x21 cm

Et pourtant ! Ils parlaient la même langue, ils tutoyaient la vie

Le récit que dédie Viviane Candas à "la mémoire de celle dont le destin a inspiré cette histoire " est construit autour de personnages sans nom, acteurs plus ou moins conscients d'une tragédie contemporaine, qui provoqueront, par l'intensité des passions décrites, une terreur menant à l'inexorable action finale.

Le Voile brûlé narre la destinée d'un frère et d'une soeur, adolescents orphelins épiés par tous dans "une cité du Nord du Sud" peuplée "de gens d'ailleurs, devenus des gens d'ici". Ils ont peu de repères et ce ne sont pas les mêmes. Elle a décidé : "Il n'y aura pas de femme. Il y aura une actrice". Elle découvre Iphigénie ou Schéhérazade dans l'atelier du théatre ouvert au coeur de la cité. Lui, le frère, "la trouve trop âgée pour se produire en public" ; il rumine sa colère sous le regard approbateur des «Barbiches», sorte de Cerbères, gardiens de codes plus ou moins ancestraux, qui l'observent, inquisiteurs, et attendent les représailles...

Pourtant, plus jeunes, "ils parlaient la même langue, ils tutoyaient la vie". Maintenant, il est seul, piégé devant un avenir sans devenir. La rumeur du triomphe de la soeur, éclatante de beauté et de talent, en cette soirée, si rare, qui anime la cité, attise sa haine, glace son corps, anesthésie ses pensées. Le lendemain, sous le joug d'une folie réparatrice, il lave par le sang l'affront, la honte, l'incompréhension et la solitude. "La cité entière crie, la jeune fille brûle"...

Il y a dans ce récit tant de belles phrases, une infinie délicatesse dans l'écriture, une extrême finesse dans la description, une bienfaisante profondeur dans les sentiments. Plus qu'une tragédie macabre, il s'agit d'un poème compassionnel, un chant grégorien sur l'âme humaine, une odysée en quête du sens des cultures, une oraison pour deux.

"Dieu, s'il existe, voit la jeune fille sur le balcon quand elle parle aux nuages"... "Dieu, s'il existe, n'en est pas responsable, et c'est pour ça qu'il dure, caché dans les nuages". Le roman commence et se termine par ces deux phrases. Devrions-nous, désormais, chercher les réponses dans les nuages ? Serions-nous à nouveau contraints de bâtir une tour de Babel ?...

Raymonde Roman
( Mis en ligne le 22/10/2004 )
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