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L'Amazone de la foi - La fascinante histoire de Madeleine de la Peltrie
de Emmanuelle de Boysson
Presses de la Renaissance 2005 /  22 €- 144.1  ffr. / 450 pages
ISBN : 2-85616-952-X
FORMAT : 15x24 cm

Emmanuelle de Boysson collabore à Parutions.com.

Une merveilleuse aventure

A l’heure où nous fêtons le 400ème anniversaire de la création de l’Amérique française, il est bon de faire mémoire d’une des figures de proue de «cette merveilleuse aventure», selon l’expression de l’abbé Groult, historien canadien.

Nous sommes au début du XVIIe siècle (Jacques Cartier a abordé le Canada en 1534 sans laisser d’établissement fixe) et l’Amérique du Nord n’est peuplée que de quelques amérindiens. La France, à l’instar du Portugal et de l’Espagne, porte ses regards vers l’Outre-Mer et souhaiterait se développer en Amérique du Nord où seuls quelques marins bretons et basques viennent pêcher la morue. Dans une atmosphère de renouveau catholique issue du Concile de Trente, une jeune femme normande, Madeleine de la Peltrie, née à Alençon en 1603, ressent un appel intérieur lui enjoignant d’aller répandre la foi Outre-Atlantique et d’évangéliser «les sauvages».

Emmanuelle de Boysson, dans L’Amazone de la foi, brosse un tableau saisissant de ce parcours. Elle sait nous faire partager la triple difficulté que constitue un voyage au Nouveau Monde à cette époque : lors du départ quand il s’agit de faire face à une multitudes d’oppositions, les unes religieuses (comment une femme peut-elle vouloir aller dans des contrées aussi dangereuses et lointaines, a-t-elle un discernement suffisant ?), les autres familiales (elle doit faire face à un procès familial pour incapacité à gérer sa fortune) ; des problèmes lors de la traversée qui peut durer plusieurs semaines ou plusieurs mois, une traversée que Madeleine de la Peltrie finance à ses propres frais pour 8000 livres ; les embûches sur place, enfin, la colonie ayant peu de moyens de défense, les habitants dépendant des provisions apportées de France par les navires.

Comment vivre au rythme des Amérindiens qui n’hésitent pas à massacrer de nombreux missionnaires en les torturant ? Comment faire face à un climat extrêmement rude, à des attaques anglaises ? Comment enfin réaliser un projet missionnaire ? Madeleine de la Peltrie, sans être religieuse, va réussir cet exploit, en débarquant à Québec le 1er août 1639 (une ville qui fêtera ses 400 ans d’existence en 2008), où elle multipliera les œuvres de miséricorde et spirituelles et s’adonnera à la conversion des petites Indiennes huronnes qui la suivront comme leur propre mère, contrastant tellement avec la violence de leurs parents. Elle fonde à Québec un monastère qui existe encore de nos jours, le Couvent des Ursulines.

L’auteur nous offre le tableau d’un personnage dont la vie est une leçon de dynamisme, de foi et de courage au Grand Siècle, au point que Marie de l’Incarnation l’appelait «une Sainte». Elle met l’accent sur les premiers pas d’une expansion française continue qui verra Cavelier de la Salle, dans les années 1670, offrir l’Amérique à la France.

Yves Batier
( Mis en ligne le 23/02/2005 )
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