Littérature
Romans & Nouvelles de Clifford Chase
10/18 2007 / 13 €- 85.15 ffr. / 317 pages
ISBN : 2-264-04421-7
FORMAT : 13,0cm x 20,0cm
Traduction de Jean-Baptiste Dupin.
Il était une fois, un ours en peluche...
L'attaque musclée d'une cabane au fond des bois, FBI, CIA et tutti quanti, et Winkie de se retrouver emprisonné, humilié et jugé pour une série de crimes qui prendront plus d'une journée au magistrat pour les prononcer...
Sauf que Winkie est un... ourson ! Un ours en peluche, yeux globuleux et calins, toucher encore doux malgré la patine des ans, une bombe à affection, à réconfort, à tendresse, mise sur le banc des accusés pour quantités de meurtres, fraudes et attentats qu'il ne peut avoir décemment commis. Lui, il est certes doué de pensée, de mouvement et de parole, de vie et d'amour, mais il reste un ourson, autrefois oursonne, compagnon d'enfants devenus adultes, vieillards, grabataires : tour à tour délaissé, oublié, rangé, incompris. D'où d'ailleurs sa fuite dans la forêt où se produisit, bien avant l'arrestation, un étonnant miracle...
A partir de cet objet aimant non identifié, dont il nous donne quelques visuels, illustrations ponctuant le récit pour en renforcer aussi les contours de conte, Clifford Chase offre une grinçante satire de l'Amérique contemporaine, truffée de références aux grandes injustices de l'histoire, tout comme aux agissements de criminels made in America : du procès Wilde à l'Unabomber, pour résumer ! Qu'il soit fait de peluche n'étonne personne, sauf sa seule amie, Françoise, Egyptienne immigrée aux penchants lesbiens, arrêtée pour complicité avec l'ennemi car... elle l'aura recousu !
A vrai dire, l'idée est originale à ce point qu'on en demande plus encore, qu'on aurait aimé plus d'acide dans ce récit sucré-salé sur les cécités, nombreuses, dont nous sommes tous victimes : racisme avivé par l'anti-terrorisme, judiciarisation de la société, moralisme hypocrite, tout y passe ! Au final, le regard décillé (to wink, en anglais, signifie "cligner des yeux"...), on se mettra peut-être à crier à son tour : «Libérez Winkie !»
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 09/03/2007 )
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