L'actualité du livre
Littératureet Littérature Américaine  

La Maison de Salt Hay Road
de Carin Clevidence
10/18 2015 /  7,80 €- 51.09  ffr. / 336 pages
ISBN : 978-2-264-06240-6
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication française en août 2012 (Quai Voltaire)

Cécile Arnaud (Traduction)


Family patchwork

D'un tonnerre à l'autre, celui d'une explosion, l'usine de feu d'artifices toute proche, détonation sur laquelle s'ouvre cette douce et rude épopée familiale ; celui du tonnerre, cataclysmique, d'un ouragan qui avale tout sous les embruns ; ceux de la guerre, des guerres, délimitant le récit. Ceux de la vie, les morts et les amours, les décisions, les regrets, les rancunes.

Une famille dégingandée comme la maison éponyme, qu'on transporta en barque d'un coin à l'autre de ce bout de Long Island, du temps où Scudder, aujourd'hui vieillard bougon et grabataire, était jeune père. Vivent avec lui ses enfants, Roy, tout aussi taciturne et peu fait pour l'océan, préférant, et de loin, les cultures sous serres et les élevages de toutes sortes ; et Mavis, vieille fille experte en pâtisserie, délaissée il y a fort longtemps par un mari flambeur. Deux enfants complètent ce patchwork de famille : Nancy et son cadet Clayton. Elle, une jeune adolescente au caractère trempé, fière amazone sur son cheval ; lui, un enfant, garçon tenté par l'école buissonnière, les escapades dans les dunes et le dessin des animaux et insectes qui lui tombent sous la main. Orphelins très jeunes, ils ont été recueillis par leur grand-père, leur oncle et leur tante.

Une famille unie s'aimant dans la pudeur de silences, entre les dunes de ce bout de terre comme détaché de l’État de New-York. Tout est là, dans leurs histoires. L'amour de Nancy pour un jeune ornithologue bostonien, Robert ; les tartes et la tristesse de Mavis ; les 400 coups de Clayton ; et les chaluts qui passent. Les tonnerres de la grande crise, ici, finalement, sont les seuls à ne pas se faire entendre. Nous sommes pourtant au cœur des années trente mais à Salt Hay Road, tout semble immuable. Jusqu'à ce que les vents se lèvent...

Un patchwork familial, littéraire, très américain dans sa façon, petite saga tendre et émouvante, déjà lue par maints endroits, mais qu'on aimera pour cela même. Qui parle du temps qui passe et dévaste. Cette maison aux gonds graciles, au bois qui craque, aux poutres salées par l'air du large, cette bicoque durera-t-elle malgré le ciment des années vécues ensemble ?...

Thomas Roman
( Mis en ligne le 05/01/2015 )
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