Littérature
Entretiens Trois questions à Yves Simon
Parutions.com : Pourquoi un jeune prêtre "différent" et non un psychologue ? Votre réponse (celle que vous ne donnez à aucun moment dans le livre) est-elle liée à la spiritualité occidentale ?
Yves Simon : Un jeune prêtre… parce qu'il n'y a pas de rapport de "travail" avec les personnes qui se confient à lui. Les rencontres d'Andrea sont de l'ordre de l'humain, de l'empathie, du spirituel. Ceux qui lui parlent et qu'il écoute ne sont pas des "malades" au sens traditionnel du terme, mais des humains ordinaires qui ont simplement le désir de parler. Andrea est d'abord - et surtout - l'incarnation symbolique de la soif qu'ont les gens de trouver une oreille attentive.
Parutions.com : Et de fait, "vous nous promenez dans la tête" d'une jeune prostituée, d'une infirmière, d'un peintre vieillissant douloureusement... Les avez-vous écoutés pour les comprendre aussi intimement ? Ou est-ce simplement l'art du romancier qui leur donne tant de substance ?
Yves Simon : Les deux. Je passe mon temps, moi aussi, à "m'informer" sur les rêves, les désirs humains, ce qui souvent ne s'exprime pas, mais se devine. Mon travail d'écrivain porte sur l'invisible, sur ce qui ne laissera aucune trace.
Parutions.com : Vous animez "Jours ordinaires" sur France Culture (un dimanche par mois, à 17 h). A propos de cette émission, vous dites : "Je tente de m'approcher de la matière des mots. J'accueille des photographes, astrophysiciens, paléontologues, cinéastes, romanciers. Je m'attache à comprendre, à travers la matière brute de leurs paroles, ce qu'il y a d'unique dans leur vision du réel". Malgré le titre de l'émission, ce ne sont plus là des passants, des obscurs… La démarche est-elle toujours la même ?
Yves Simon : Ceux que j'invite trouvent dans "l'ordinaire" la matière de leurs réflexions et de leur travail. L'ordinaire, c'est la matière brute sur laquelle certaines personnes passent leur vie pour parvenir à comprendre l'énigme du monde et du vivant.
Propos recueillis par Isabelle Nouvel
( Mis en ligne le 05/10/2001 )
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