L'actualité du livre
Littératureet Récits  

L’Oreille d’or
de Elisabeth Barillé
Grasset 2016 /  14 €- 91.7  ffr. / 126 pages
ISBN : 978-2-246-85575-0
FORMAT : 11,7 cm × 18,7 cm

L’aventure de la profondeur

«Je finirai renversée sur une route. Voici comment se passeront les choses : un engin à moteur foncera sur ma gauche ; ce jour là sur cette nationale, cet innocent trottoir offrant ses rêveries au rêveur, il n’y aura personne pour saisir ma main, me tirer en arrière, aucun bon ange pour me servir d’oreille, aucun sauveur. Un vacarme de ferraille sera mon bûcher de malentendante». Premier paragraphe, terrible, d’un tout petit livre qui est au contraire très lumineux, à l’image de son beau titre : L’Oreille d’or.

Depuis ses six ans, Élisabeth Barillé est sourde d’une oreille, à la suite d’un malencontreux traitement médical. Ce handicap, toujours nié par ses parents, l’accompagne donc depuis l’enfance, et elle a très tôt appris à déployer des stratégies de remplacement. Handicap, sans aucun doute, mais elle a décidé d’y voir également un atout. Choix d’entendre ou non l’interlocuteur indésirable, Élisabeth Barillé s’interroge sur les sourds célèbres : Beethoven mais aussi Fauré. Comment un musicien peut-il vivre sa surdité totale ou partielle ?

En la lisant, on mesure le pouvoir de s’abstraire du monde, privilège du sourd : «Merci mon oreille morte. En me poussant à fuir tout ce qui fait groupe, la surdité m’a condamnée à l’aventure de la profondeur». Mais sourde, justement, Élisabeth Barillé ne l’est qu’à moitié et ceci fait toute la différence… Son autre oreille est au contraire hypersensible.

Un «petit» livre, 126 pages, bien écrit, qui se lit d’une traite et ouvre des horizons…

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 09/03/2016 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)