L'actualité du livre
Littératureet Récits  

Victor Hugo, récits et dessins de voyage

Renaissance du livre 2001 /  45 €- 294.75  ffr. / 233 pages
ISBN : 2-8046-0570-1
FORMAT : 23x30

Edition réalisée par Hélène Braeuner et Marie-Laure Marco, sous la direction d’Isabelle Gérard

Quand la plume du poète regarde celle du dessinateur

Avec sa couverture rigide entoilée de noir, sa jaquette sombre aux discrètes mentions et sa vignette de papier glacé encadrée d’un mince filet blanc, ce livre est d'une élégante sobriété. A l’intérieur, textes et dessins, regroupés par régions et pays, sont superbement valorisés par de judicieuses options de mise en page. Ainsi les teintes de fond des pages varient-elles en fonction de la dominante du dessin reproduit, qu’il s’agisse d’un croquis à la mine de plomb, d’un lavis d’encre brune ou d’un dessin à la plume avec des rehauts de gouache. La qualité du papier choisi, qui préserve la matité sourde du trait, des figures, magnifie quant à elle le modelé subtil que leur a conféré le support original utilisé par Victor Hugo.

Parmi les quelque trois mille dessins connus du poète, seuls ont été retenus ici ceux qui émaillent les innombrables lettres et notes qu’il a rédigées au cours de ses pérégrinations. Remarquables par leur abondance de détails, par la précision aussi des notations architecturales, ces textes rendent compte de la réalité presque clinique des villes visitées et des paysages traversés. Mais, ici et là, métaphores et comparaisons confèrent à ces descriptions une ampleur dont un voyageur ordinaire n’eût pas su les pourvoir.

Enchâssés en marge du texte dans des sortes de vignettes ou bien fleurissant spontanément et coupant de leurs contours les lignes d’écriture, les dessins ajoutent une épaisseur onirique et fantasmatique aux mots du poète voyageur. De fait, les techniques utilisées par Hugo pour illustrer ses lettres et carnets apportent à l’image créée quelque chose de fuligineux, de sombre et d’imprécis, comme une déliquescence consubstantielle aux choses et qui ne devrait rien aux crépuscules brumeux et aux journées rincées d’averses. Sans doute doit-on y voir la capacité d’Hugo à percevoir la part de ténèbres sous-jacente au monde. Hormis quelques croquis clairs et nets à l’encre ou au crayon de graphite, ce sont comme des déferlantes d’ombres qui jaillissent d’une tour, d’un bourg ou d’une vallée profonde...

Malgré l’absence d’un avant-propos qui eût présenté le projet du livre et qui, surtout, eût évoqué cet album édité en 1862 auquel a été empruntée la préface de Théophile Gautier, malgré un morceau de texte repris d’une lettre figurant déjà dans les pages précédentes et une erreur dans la légende d’une illustration, cet ouvrage reste un très bel hommage au double talent de plume de Victor Hugo.

Isabelle Roche
( Mis en ligne le 21/02/2002 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)