Littérature
Fantastique & Science-fiction de Norman Spinrad
Flammarion - Imagine 2001 / 18.93 €- 123.99 ffr. / 332 pages
ISBN : 2-08-068055-2
Quelle est la couleur de la mauvaise conscience ?
Une dépêche de l’Agence France-Presse, tombée sur les prompteurs le 15 novembre 2001, donnerait-elle raison à Norman Spinrad ? "La montée des eaux due au réchauffement climatique va provoquer l’évacuation de l’archipel de Tuvalu, que les 11.000 habitants quitteront définitivement à partie de 2002." Après le sida, la guerre thermonucléaire ou encore la toute-puissance des médias, l’auteur à succès aborde le réchauffement climatique. Ce n'est déjà plus de la SF... Et, parmi les premières victimes de cette transformation planétaire, se trouvent les gondoliers de Venise. La cité des Doges transformée en Atlantide par la montée des eaux, les voici qui émigrent dans un Paris métamorphosé par le climat en Nouvelle Orléans kitsch, disneylandisée. Les alligators montent désormais la garde sous la passerelle du Pont des Arts.
La planète terre est "bleue comme une orange", depuis le poète Eluard, personne n’en doute plus. Bleue également comme la bonne conscience planétaire des nantis. De ceux qui régissent ces multinationales nouveau genre, les "Mauvais Garçons" ou la "Grande Bleue", supplantant les États, tirant profit du réchauffement climatique qui a bouleversé la donne politique. D'ailleurs, dans une ambiance de fin du monde, se prépare à Paris une conférence de l’ONU – l’ultime ? – sur les dérèglements climatiques. Et, alors que les scientifiques se déchirent surla fiabilité de leurs modèles climatiques respectifs, un complot manigancé par les derniers des capitalistes se trame dans l'ombre. Ces dinosaures de l’économie politique sont prêts à compromettre la stabilisation climatique de la Terre. Pour vendre.
Notre duo de choc, composé d’un faux prince slave un peu maquereau et d’une spécialiste des Relations Publiques dans le fond pas si décervelée, va-t-il sauver le monde ? Quand le roman de gare rencontre la trame du policier et la prose de la SF, cela donne, sous le regard de Spinrad, un divertissement des plus agréables.
Vianney Delourme
( Mis en ligne le 27/11/2001 )
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