L'actualité du livre
Littératureet Policier & suspense  

Le lac aux sortilèges
de Stuart Woods
Bernard de Fallois 2001 /  15.27 €- 100.02  ffr. / 280 pages
ISBN : 2-87706-408-5

Eaux troubles

John Howell, journaliste d'Atlanta en panne tant professionnelle (ancien prix Pulitzer, il n'arrive plus à écrire et se réfugie dans l'alcool) que sentimentale (pour une raison qui reste inconnue, il ne s'entend plus avec son épouse), se voit proposer une somme importante par un riche homme d'affaires en échange d'une petite compromission à la mode : rédiger pour lui son autobiographie. Après quelques hésitations, il finit par accepter la proposition d'autant plus volontiers que son beau-frère lui prête, pour favoriser l'inspiration, un charmant chalet au fin fond de la Géorgie, avec vue sur un lac magnifique.


Là, dans cette ville repliée sur ses secrets, dominée par un potentat qui l'a créée et lui a donné son nom, à la police dirigée par un shérif trop aimable pour être honnête, Howell va rapidement s'intéresser au passé, à cette famille rebelle qui a fini, dit-on, par céder au promoteur leur terrain qui empêchait la création du lac, mais dont nul n'a plus jamais eu de nouvelles. Et à la secrétaire du shérif, journaliste elle aussi : elle enquête en douce sur son employeur que certains estiment corrompu, pour écrire l'article qui fera d'elle une star de la profession.


Agrémentés de temps à autre par le fantôme d'une fillette et deux ou trois événements surnaturels dont le lecteur attendra en vain une réelle explication, les deux pôles du récit - le policier est-il ripou ? la famille a-t-elle été massacrée ? - finiront par se rejoindre. Sans grande surprise. Car dans ce livre de Stuart Woods, pourtant Grand Prix de littérature policière pour Echange Mortel paru en 1997 chez le même éditeur, tout est convenu : l'écriture, d'une banalité affligeante; les personnages, dénués de toute profondeur psychologique; les descriptions, que rejetterait tout apprenti écrivain. Comment, par exemple se contenter de cette description pour une femme : "Pas à dire, elle avait une silhouette irréprochable. Elle était menue, mais superbement bien roulée. Son T-shirt était tendu à craquer sur son ample poitrine..." (!) ; le suspect, qui sera bien le coupable; sans oublier les dialogues tirant à la ligne et l'inévitable happy end.


Il paraît que ce livre a "flanqué une peur bleue" à Stephen King. Il lui en faut bien peu.

E. H.
( Mis en ligne le 02/05/2001 )
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