L'actualité du livre
Littératureet Policier & suspense  

le Pavillon du mal
de Marc Sich
Plon 2000 /  18.17 €- 119.01  ffr. / 332 pages
ISBN : 2-259-19299-8

Gabriel n’est pas un ange

Tueur en série de son état, Gabriel Vallat, trente-deux ans, vient de s’évader du quartier de haute sécurité du centre psychiatrique Antoine-Beauregard, près de Montpellier, en laissant derrière lui un nouveau cadavre, celui de Pascal Landry, quarante-six ans, un infirmier à la vie apparemment sans histoires. Vallat dehors, le commissaire Victoire Camin-Ferrat, patronne du SRPJ, craint le pire avec cet individu qui a assassiné puis mutilé quatre femmes dans les gouffres de l’Hérault. Elle n’est pas la seule à se faire du souci. Les familles des victimes sont, elles aussi, en émoi. Une chasse à l’homme s’organise alors pour mettre la main sur ce dangereux individu.

Ainsi, pourrait-on hâtivement résumer l’intrigue de ce Pavillon du mal dû à la plume d’un Marc Sich particulièrement subtil dans la manière de conter cette histoire d’apparence simple et classique. Les tueurs en série sont à la mode et les auteurs de polars les mettent à toutes les sauces au point que le lecteur se surprend à souvent lire le même livre ! Là, force est de reconnaître que l’auteur sait s’évader des règles convenues du genre. Son Gabriel Vallat, pour aussi ignoble qu’il soit, n’est qu’un prétexte pour peindre une société de province où les affreux de tous poils sont légion.

Amateurs de parties fines, adeptes de sectes sataniques, call-girls à la petite semaine, grenouilles de bénitier à la langue fourchue, psychologues déjantés… peuplent cet univers dans lequel Mme la commissaire patauge. Rapidement convaincue que Vallat n’a dû la réussite de sa cavale qu’au bénéfice de complicité(s) au sein même de sa "prison" (il en fallait, pour tromper les systèmes vidéos et informatiques hyper sophistiqués !), elle va de surprises en déconvenues.

On tente d’assassiner l’un de ses inspecteurs, on lui adresse un curieux manuscrit quasi indéchiffrable, on l’entraîne sur des pistes aussi fausses qu’alléchantes… bref, on essaie par tous les moyens de l’empêcher de remettre la main sur le fugitif. A ses côtés, il y a bien Musetier, un échotier prêt à tout pour l’aider, Sarral, son adjoint, et les familles des victimes, mais, en permanence, elle se trouve face à l’énigmatique et insaisissable Gilles Vernon, qui pourrait bien être l’instigateur de toute cette histoire. Qui est donc ce Vernon que tout le monde, y compris les plus innocents, semble bien connaître ?

Bien sûr, Victoire Camin-Ferrat parvient à ses fins, en y laissant toutefois quelques plumes, mais si on ne doute jamais qu’elle l’emportera, on est loin, très loin de se douter de l’identité de celui ou celle qui tire véritablement les ficelles. Marc Sich sait merveilleusement tisser sa toile pour détourner le lecteur de l’essentiel en même temps qu’il le "promène" dans cette histoire où chaque protagoniste a le profil idéal du parfait coupable. D’une écriture incisive ne cédant rien à la facilité, il a composé un polar singulier où il faut attendre les toutes dernières pages pour, enfin, y voir clair. La vérité coulait de source, mais Sich sait si bien fermer les robinets qu’on reste pantois devant sa virtuosité et son ingéniosité qui n’ont rien à envier aux meilleurs auteurs anglo-saxons.

Jean-Marc Loubier
( Mis en ligne le 15/09/2000 )
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