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Le Roi est mort
de Jim Lewis
10/18 - Domaine étranger 2007 /  9.30 €- 60.92  ffr. / 382 pages
ISBN : 978-2-264-04471-6
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication française en septembre 2004 (Balland).

Traduit de l’anglais par Laetitia Devaux.


Vive le roi !

Dans la collection «Saisons étrangères», les éditions Balland avaient publié en 2004 Le Roi est mort, troisième roman de Jim Lewis (aujourd'hui en format de poche aux éditions 10/18), auteur qui, après avoir enseigné la philosophie à Columbia University, est devenu critique d'art (photographie), journaliste et scénariste (Kids de Larry Clark). Né en 1963, il vit au Texas. Son premier roman, Sisters, est inédit en français mais les éditions Balland ont publié le précédent, Quand on aime son bourreau (2003).

L'action se passe pour la première partie du livre dans le Tennessee, au début des années 60. Le texte est nerveux, découpé en courts chapitres numérotés, avec pour certains un titre annonçant l'action. Un prélude donne la généalogie du personnage principal : Walter Selby, né en 1925. Jeune Américain, issu d'une famille riche, orphelin d'une mère séparée avant sa naissance d'un père "méchant homme", Walter adhère aux valeurs de la société américaine : engagé dans les Marines à dix-huit ans, il combat dans le Pacifique et à son retour reprend des études de droit avant de s'installer à Memphis dans le Tennessee ; ses qualités le font repérer par le gouverneur de l'Etat qui le persuade d'entrer à son service, et lui révèle qu'il descend lointainement d'esclaves noirs, "tache" indéniable dans le Tennessee des années 50/60.

Son histoire est alors marquée par l'alternance lumière/ombre. Lumière de son amour pur et absolu pour la blonde Nicole, ombre des responsabilités qu'il assume pour le gouverneur. Jim Lewis dresse un tableau impitoyable et tout en suggestions des mœurs politiques américaines locales. A ce double jeu, l'intègre Walter, désorienté, finit par perdre son chemin. Il le retrouve dans la sombre histoire d'expropriation injuste d'une famille noire qui le renvoie à lui-même, à ses origines, au sentiment de culpabilité enfoui depuis un épisode de sa jeunesse militaire, à son honneur retrouvé. Le drame se noue alors, lorsque, démissionnaire, il rentre chez lui pour trouver son épouse en compagnie de son amant : la quatrième de couverture dévoile d'emblée le fil romanesque du livre, et le meurtre passionnel.

Restent deux enfants : Frank et Gail. Comment ils affrontent, trente ans plus tard, la tragédie, fait l'objet de la seconde partie du livre. Gail a su remonter aux sources de leur histoire et, pacifiée, fonder une famille. Franck, en dépit d'une réussite sociale réelle - il est acteur reconnu -, ne parvient pas à trouver de sens à sa vie. Il faudra la rencontre ultime, pour qu'enfin il consente à vivre : le roi son père est mort, après avoir tué sa mère la "reine débraillée"... vive le roi! Un nouveau destin s'ouvre à Frank, offert par une cinéaste, Léonor Rivière, en qui l'on reconnaît volontiers Leni Riefensthal.

Autour de ces personnages centraux, Jim Lewis dresse une galerie de portraits secondaires qui dessinent toute une Amérique des années 60 aux années 90 : le monde de la politique locale, le chanteur de country de Nashville, l'ingénieur constructeur de barrages, l'épouse blonde appliquée à répondre aux critères sociaux des classes moyennes et, plus tard, Kimmy, la jeune schizophrène et premier amour de Frank, le "barman qui valait des millions"… Des lieux aussi : le Sud et New York, horizon rêvé et lointain. Un vrai roman donc, qui raconte des histoires et nous entraîne dans un autre lieu, une autre époque.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 23/10/2007 )
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