Littérature
de Alban Lefranc
Le Quartanier et Hogarth Press II 2005 / 12 €- 78.6 ffr. / 88 pages
ISBN : 2-9808122-7-7
Assurément fassbindérien
C'est un récit étrange que celui proposé par Alban Lefranc, ni biographie ni roman : le parcours d'un cinéaste dit dans une focalisation éparpillée, et un style violent, mimant la rage du provocateur allemand, le sulfureux Fassbinder.
Quand on naît un 31 mai 1945, trois semaines après la «paix», en Bavière, on porte en soi à vie, avec les prédispositions qui s'imposent, le malaise de l'histoire et d'un peuple. A vie... jusqu'au suicide... que le réalisateur finit par commettre en 1982. Le malaise en question impreigne la plume d'A. Lefranc, et l'aiguise aussi. Informé, s'appropriant la vie d'un artiste visiblement admiré, le récit replonge le lecteur dans l'oeuvre, l'homme et son temps. Les fièvres rouges des années soixante-dix, le glorieux redressement économique d'une Allemagne hantée par maints fantômes.
Les principaux films passent, les raisons de leur fondamentale irrévérence, l'homosexualité, etc. Dans un délire littéraire, l'auteur semble vouloir épouser l'univers du délirant cinéaste et livre un objet difficilement identifiable. Pourquoi ne pas avoir cédé au genre plus proprement biographique? Ici, prose et lyrisme, violence et polyphonie, intention documentaire et création romanesque brouillent le message mais disent bien la fascination respectueuse de l'auteur pour Fassbinder.
Peut-être un essai littéraire à ne réserver qu'aux fassbindériens authentiques, les connaisseurs de l'oeuvre et de son créateur...
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 05/10/2005 )
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