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Littératureet   

Les Ombres de Marge Finaly
de Thierry Dancourt
La Table Ronde 2012 /  17 €- 111.35  ffr. / 218 pages
ISBN : 978-2-7103-6957-8
FORMAT : 14,1 cm × 20,6 cm

Gris aux reflets bleus

Un court troisième roman de Thierry Dancourt. On retrouve l’atmosphère des précédents (Hôtel de Lausanne et Jardin d’hiver). Un narrateur, Pierre Meilhac, une femme énigmatique, Marge Finaly, les souvenirs d’une relation antérieure. On pense en le lisant à L’Année dernière à Marienbad ou encore à Modiano.

Il ne passe rien ou pas grand chose ou… beaucoup au contraire : une rencontre, des retrouvailles, un espace partagé, une fuite nouvelle. Première phrase : «Elle sort des Grands magasins de la Samaritaine, du bâtiment donnant quai du Louvre, exactement, et moi, eh bien je viens de traverser la Seine en empruntant le Pont-Neuf. Il se remet à neiger un peu». Elle est élégante, porte ses cachemires troués, se laisse suivre mais non saisir.

Le narrateur se souvient de leurs vingt ans, de la propriété de Plaisance Gardens au bord de la Seine, de Wang, l’homme d’entretien-paysagiste, des amis… Lucien, Caroline, Sophie, Raphaël, Stanford, des journées et des soirées, des dialogues brisés, des avertissements inutiles : «Ne croyez jamais personne ici, Pierre»

Tout ceci est très chic, un peu étrange, assez envoûtant. Les ombres passent, un roman qui a la couleur des yeux de Marge, «gris aux reflets bleus». Une évocation des années 60 par touches légères : les voitures, les cigarettes week-end, la mode («Elle portait une robe fourreau en shantung, courte, sans manches, imprimée de grands carrés orange et blanc(…)»), une insouciance blasée. Qu’en reste-t-il ? Seule Marge paraît inaltérée.

Un roman lent qui se lit au rythme de souvenirs dispensés de façon nonchalante et tendue à la fois.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 27/08/2012 )
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