Littérature
de Sébastien Lapaque
Actes Sud 2012 / 21,80 €- 142.79 ffr. / 337 pages
ISBN : 978-2-330-01261-8
FORMAT : 14,6 cm × 24,1 cm
Les mérites du luso-tropicalisme
Un roman bigarré pour une nation métisse, récit choral à l'embrouillamini parfois pénible, profusion de personnages qu'on peine toujours à filer ensemble le long d'une intrigue le plus souvent absconse. Mais un sublime cri d'amour au Brésil.
Zé recherche Helena qui ne s'appelle pas toujours Helena. Est-il si amoureux d'elle qu'il la recherche un peu partout au Brésil, lui fils de deux pays, Rio, Lisbonne ? Ou bien est-ce le Brésil lui-même qui l'appelle ?... La belle Helena... Le beau pays. Il semble que la terre l'emporte sur la bluette avec la jeune universitaire géographe et climatologue également membre d'un cénacle radical, ''Apocalypse Agora''. Mais aussi un présentateur télé, de la corruption, du foot et de la Samba, les ingrédients stéréotypés d'un Brésil passé au mixer littéraire d'un auteur vraisemblablement fou du pays, "la rencontre de la mélancolie portugaise, du silence des Indiens et du grand rire des nègres" (p.51).
On se perd dans le récit comme dans la jungle amazonienne, confus, effrayé mais entêté aussi par les couleurs et les parfums, les sons et la magie de ce Brésil protéiforme : populaire et distingué, riche de promesses et abattu par leur trahison, vibrant pour le ballon rond et les déhanchés des Cariocas. Zé se penche aussi sur le mystère de Borges chez qui ce sport est comme un point aveugle. Le jeune homme part en Argentine pour éclaircir cela aussi.Tout se dénoue, semble-t-il, à Paris où Claude Lévy-Strauss est interviewé...
Le Brésil de A à Z donc, dans un roman documentaire, sorte de guide littéraire où rien n'est oublié, de la feijoada au favélas, du design des années 60 à la corruption endémique des élites brésiliennes. Mais on s'y perd. On s'y perd, tenu seulement par l'envie du pays, puissamment communiquée.
Thomas Roman
( Mis en ligne le 22/10/2012 )
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