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Littératureet   

L'Automne des incompris
de Hugo Ehrhard
Le Dilettante 2014 /  17 €- 111.35  ffr. / 256 pages
ISBN : 978-2-84263-805-4
FORMAT : 12,0 cm × 18,0 cm

Le Vorukhstan et nous

Franck Secondi exerce un métier peu banal : il teste les compagnies d’aviation, les vols, l’accueil, le confort, la nourriture, et remplit des pages de questionnaires à cet effet. C’est un homme simple, un peu décalé, pusillanime.

Il rencontre au cours d’un vol Kristen van Heurn, époustouflante d’aplomb et de beauté, dont il s’éprend et avec laquelle il a une relation. Elle lui parle d’un pays inconnu, le Vorukhstan, voisin de l’Ouzbékistan, un État qui prétend révolutionner le concept de République et la façon de vivre des gens, tant notre mode de vie les révulse. Toute cette première partie est très drôle, cynique et satirique. Les relations professionnelles, amoureuses, l’amitié, le sens de la vie actuelle, les fêtes, notre attrait pour le «people», les difficultés psychologiques que les gens rencontrent, bref ce qui fait le quotidien de tout un chacun est aspergé d'un vitriol désinvolte et moqueur par Hugo Ehrhard. Il s’amuse visiblement à ce jeu de massacre humoristique, et nous aussi, malgré quelques longueurs dans l’énumération des personnes existantes ou inventées qui peuplent ses délires.

Puis arrive le Vorukhstan et la décision de Franck Secondi d’aller y retrouver Kristen, sans avoir pris la mesure réelle de ce pays carcéral et sanguinaire. C’est l’occasion alors pour l’auteur de stigmatiser à nouveau tous les défauts de notre société, ses manques, ses outrances. Et de tomber lui aussi dans l’outrance en dépeignant un pays qui cherche, à partir d’une «Constitution» somme toute raisonnable, à obtenir par la force et l’assassinat l’éradication de nos erreurs humaines. Cette seconde partie perd un peu en verve, le sujet semble traité avec davantage de hargne et un humour moins net : il s’agit plutôt alors d’un regard désenchanté porté sur cet Occident en perdition.

En postface, une citation de Voltaire  - «… les satires ne corrigent personne, irritent les sots et les rendent encore plus méchants» - clôt avec justesse ce livre qu’on lira avec recul pour en savourer les pépites.

Dany Venayre
( Mis en ligne le 13/10/2014 )
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