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Bernin - Le sculpteur du baroque romain
de Rudolf Wittkower
Phaidon 2005 /  29.95 €- 196.17  ffr. / 256 pages
ISBN : 0-7148-9432-X
FORMAT : 28,0cm x 25,0cm

Un classique du baroque

Bernin, le sculpteur du baroque romain n’est pas un ouvrage inédit. Il s’agit de la première traduction française d’un classique, bien connu des historiens de l’art et des amateurs. Paru à Londres en 1955, le Bernin de Rudolf Wittkower a depuis lors été réédité à deux reprises en 1966 et en 1981, mais aussi traduit en italien, pour les éditions Electa, en 1990. C’est cette dernière version que reprend l’édition française.

A l’image de Léonard de Vinci et surtout de Michel-Ange, ses glorieux prédécesseurs de la Renaissance, Gian Lorenzo Bernini (1598-1680), paradigme du sculpteur baroque, fut un artiste polyvalent. En effet, il fut également un peintre et un architecte reconnu au point d’exécuter pour Louis XIV un projet de réaménagement du Louvre, qui ne fut jamais réalisé. Par souci d’unité, Rudolf Wittkower, historien d’art allemand, émigré à Londres en 1933, avait choisi de ne s’occuper que de l’œuvre sculptée du Bernin. Dans une brève étude, il présente tour à tour les principaux champs d’activité du protégé des Barberini. Le texte est clair, synthétique, mais quelques jugements de valeur rappellent qu’il date un peu. En effet, écrirait-on encore aujourd’hui que le père du Bernin fut «un sculpteur du maniérisme tardif talentueux mais superficiel» ? Dans un catalogue illustré, placé en fin d’ouvrage, Wittkower s’efforce d’ordonner chronologiquement la production du sculpteur romain, tout en réservant un espace aux œuvres perdues ou détruites et à celles dont l’attribution pose problème.

Réputé pour ses groupes à sujet mythologique ou religieux, Bernin fut un sculpteur prolixe, tour à tour concepteur de fontaines, portraitiste, grand ordonnateur de la décoration de Saint-Pierre. A la lecture de l’ouvrage de Rudolf Wittkower, c’est Rome qui se dessine : de la chaire de Saint-Pierre du Vatican à la fontaine du Tritone de la piazza Barberini, des groupes mythologiques de la villa Borghèse à la fontaine des fleuves de la piazza Navona ou à la chapelle Chigi de Santa Maria del Popolo, rares sont les quartiers qui ne conservent, gravée dans le marbre, la pierre ou le bronze, la trace de son passage

Les très nombreuses planches qui accompagnent chacun des chapitres de l’étude aident à visualiser les étapes de cette promenade imaginaire, qui n’est d’ailleurs pas exclusivement romaine, et surtout à comprendre les enjeux de cet art baroque, symbole de la contre-réforme triomphante. Ces planches en noir et blanc sont d’ailleurs magnifiques. Les expressions qui se lisent sur les visages des héros mythologiques conservés à la villa Borghèse sont particulièrement émouvantes. En revanche les planches en couleur ajoutées dans l’édition de 1990 et reprises ici sont décevantes. En effet, tour à tour jaunies ou blafardes, les formes sculptées souffrent d’un excès ou d’un manque de luminosité. Il n’est certes pas aisé de rendre justice aux œuvres tapies dans la pénombre des églises, mais ces problèmes ne se posent pas lorsque les photographes opèrent à ciel ouvert, place Navone. Dans ces conditions, pourquoi ne pas avoir pris le parti, parfaitement défendable du point de vue esthétique, de s’en tenir aux planches en noir et blanc ?

Raphaël Muller
( Mis en ligne le 09/11/2005 )
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