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Monastères espagnols - Architecture et vie monastique
de Pedro Navascués Palacio et Domi Mora
Citadelles & Mazenod 2003 /  75 €- 491.25  ffr. / 342 pages
ISBN : 2-85088-192-9
FORMAT : 28x33 cm

Ad Majorem Dei Gloriam

«Pour la plus grande gloire de Dieu». Au risque de l’anachronisme, cette devise baroque et jésuite ne pouvait être plus adéquate pour synthétiser l’esprit qui anime les pages de ce superbe album des éditions Citadelles & Mazenod consacré aux monastères espagnols, romans et gothiques. Cet ouvrage, qui associe une magnifique série de photographies à un texte particulièrement riche et fouillé, ressuscite un univers où bien souvent le moine, le soldat, l’architecte et l’artiste ne faisaient qu’un.

L’architecture monastique espagnole est étroitement liée à la géographie et au passé du pays. Les âpres paysages ibériques, les plateaux arides balayés par le vent, les masses ocre et minérales, conditionnèrent des édifices majestueux et austères tranchants avec la quiétude bucolique des monastères bourguignons, provençaux ou berrichons auxquels sont habitués les lecteurs français. Le monachisme espagnol fut également marqué par l’histoire : la Reconquista ne s’acheva qu’au début du XIIIe siècle (mais le petit royaume de Grenade demeurait encore aux mains des musulmans) et conféra à l’architecture une dimension défensive que l’on retrouve dans de nombreux monuments.

L’huis de ces monastères une fois franchi, la grandiose austérité extérieure cède le pas à une atmosphère spirituelle pétrie de silence. Tout y est conçu pour la mise en œuvre des deux piliers de la vie monastique définis par saint Benoît, et repris peu ou prou par les autres règles : «Prier et travailler». L’élégance délicate des cloîtres et des chapelles se combine avec l’utilitarisme sobre des réfectoires ou des dortoirs. Il y a dans ce savant équilibre entre beauté et fonctionnalisme une combinaison géniale propre à l’éclosion de la vie spirituelle. La terrible frigidité des constructions religieuses contemporaines, où le béton précontraint le dispute au plexiglas, vient cruellement nous le rappeler.

Le texte qui structure cet ouvrage mérite d’être lu en profondeur car il rappelle les nuances et courants multiples qui traversèrent l’architecture monastique espagnole et qu’une synthèse ne saurait restituer de façon satisfaisante. Mais s’il est une impression profonde qui naît de la lecture de Monastères espagnols, c’est d’assister à l’union féconde de la fierté ibérique au génie du christianisme.

Guillaume Zeller
( Mis en ligne le 24/10/2003 )
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