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Traditionnel Japon - 240 photographies du XIXe siècle coloriées au pinceau
de David Michaud
Editions du Chêne 2009 /  35 €- 229.25  ffr. / 287 pages
ISBN : 978-2-8123-0140-7
FORMAT : 20cm x 20cm

Préface de François Cheval

Le Japon de Meiji

Après deux siècles et demi d’une politique d’isolement complet pour lutter notamment contre une modernité jugée «barbare», en 1853, le Japon s’ouvre aux Occidentaux, sous la pression des canonnières américaines du commodore Perry dans la baie de Tokyo. Cet événement précipite le pays dans l’ère Meiji, ère qualifiée d’industrielle.

Le raffinement de la culture japonaise, son exotisme vierge de toute influence occidentale suscitent curiosité et fantasmes. Le «Japonisme» apparaît tout particulièrement à Paris où il est de mode de boire du saké et de constituer des collections, notamment d’estampes. La photographie a immédiatement trouvé sa place dans cet engouement, d’autant que cette technique était encore nouvelle et pratiquée uniquement par des professionnels. Cette relative rareté et le fait que les clichés soient rehaussés au pinceau plaisent beaucoup aux Occidentaux à qui l’on offre des images d’un Japon idéal. Les premiers photographes sont européens, les Japonais leur emboîtent le pas, afin de ne pas se laisser dominer. Beato, un anglo-italien, est l’un des premiers photographes au Japon : pour se démarquer de la concurrence, il invente une nouvelle forme de présentation des clichés, l’album. Ce dernier contribue plus encore à la diffusion d’images du Japon car il permet aux clients de retrouver en un seul objet tous les aspects de ce pays.

Le musée Nicéphore Niépce, riche d’une collection de plus de deux millions de clichés, détient plusieurs albums de cette période. David Michaud, spécialiste de la culture japonaise, en a sélectionné neuf desquels il a tiré les 250 clichés constituants ce livre. Sa sélection est pertinente et donne à voir tant des clichés «réalistes» de cette époque (par exemple des paysages) que des clichés travaillés pour répondre au besoin d’images d’un Japon fantasmagorique. Les photographies choisies sont belles et transportent le lecteur. Le livre en lui-même n’est ni trop imposant ni trop lourd, ce qui en rend la lecture agréable.

La seule remarque à faire porte sur les légendes. Celles-ci ne sont pas toujours claires. Il est en effet parfois difficile de discerner les commentaires de l’auteur des légendes touristiques que l’on aurait pu trouver dans les albums originaux.

Ce livre est un bel album qui satisfera un large public. Les passionnés de photographie ancienne apprécieront la qualité des clichés et le raffinement de leurs retouches au pinceau. Les curieux trouveront là un moyen de se transporter dans l’histoire d’un Japon mythique et fantasmatique.

Yvon Luneau
( Mis en ligne le 16/11/2009 )
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