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Orsay - La photographie
de Françoise Heilbrun et Quentin Bajac
Scala 2003 /  18.50 €- 121.18  ffr. / 125 pages
ISBN : 2-86656-334-4
FORMAT : 19x27 cm

Voir aussi:
Orsay. Coffret cinq volumes, Scala, décembre 2003, ISBN: 2-86656-329-8, 89 €.

L'auteur du compte rendu: Marion Perceval a suivi les cours de premier et de deuxième cycles de l'Ecole du Louvre (option histoire de la photographie). Elle prépare actuellement un DEA d'histoire des techniques sur Alphonse Davanne, un chimiste-photographe qui tenta de vulgariser la pratique photo à la fin du XIXe siècle.



Une collection sépia

Les éditions Scala viennent de combler une lacune étrange pour un musée tel que le musée d’Orsay : un véritable catalogue exhaustif. Le parti pris y est thématique. Il ne s’agit pas de donner un panel de tout l’art de 1848 à 1914 mais plus exactement d’expliquer, sujet par sujet, les choix et la réalité de la collection sous forme d’un coffret de cinq volumes (la peinture, la sculpture; la photographie, les arts décoratifs, l’architecture). Ce n’est donc pas une histoire de l’art mais une histoire de la collection.

Le catalogue Orsay. La Photographie est un bel objet, esthétiquement parlant. Le graphisme y est soigné, les reproductions d’une grande qualité. Elles ne sont pas en noir et blanc comme souvent dans les livres traitant de la photographie ancienne, mais l’éditeur a tenu compte des nuances de teintes extrêmement subtiles (du gris au bleu en passant par le sépia).
Le livre s’ouvre par un historique de la collection (de sa formation à aujourd’hui), important car voulant faire prendre conscience au lecteur l’intérêt qu’ont eu la France et le gouvernement, dès 1979, à rassembler toutes ces images qui apparaissaient désuètes et sans intérêt à l’époque.

Les «primitifs» (premiers photographes connus, à savoir Humbert de Molard, Charles Nègre, Hippolyte Bayard...) sont présents mais on y retrouve aussi d’autres que l’on connaît moins comme Fernand Arnal ou Louis-Gabriel Loppé. Les chapitres se succèdent de façon chronologique et thématique. La part belle y est faite aux photographes français mais on retrouve aussi des praticiens anglais (victoriens) et américains. Les amateurs, sujet qui intéresse de plus en plus les historiens, ont droit à un beau chapitre : on y découvre alors de réels artistes (comme Lartigue ou Henri Lemoine) et le rôle qu’ils ont joué dans l’esthétique et le développement de l’image photographique.

Le glossaire des techniques (malheureusement trop rare dans les livres traitant d’histoire photographique) est très utile. Il permet d’expliquer simplement au néophyte la façon de procéder et de rendre compte de la difficulté de mise en place du dispositif photographique. Loin d’être une histoire de la photographie révolutionnaire, il s’agit d’une première approche de l’image et des images produites au XIXe siècle. L’histoire de la photographie proposée y est simplifiée et parfois simpliste, écueil fréquent de ce genre de catalogue. On tente de «coller» parfois de façon trop artificielle la collection du musée avec toutes ses qualités et ses lacunes à l’Histoire de la Photographie. Or, la force de la collection est d’être un ensemble et non un assemblage d’images éparses et sans rapport.

On peut regretter aussi le manque de mise en perspective avec les autres arts. Certes, les peintres photographes tels que Bonnard sont présents, mais la globalité de l’art n’y est pas explicite et il est dommage de n’avoir tendu aucune passerelle entre les différentes techniques. Cependant, ce livre reste agréable à feuilleter pour la grande qualité des images présentées et permet une première approche (très succincte) de la production photographique de son invention à la Première Guerre mondiale.

Marion Perceval
( Mis en ligne le 12/01/2004 )
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