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Albrecht Dürer et la gravure allemande - Chefs-d'œuvre graphiques du musée Condé à Chantilly
de Nicole Garnier-Pelle
Somogy 2003 /  26 €- 170.3  ffr. / 112 pages
ISBN : 2850566659
FORMAT : 22 x 27 cm

Exposition du musée Condé de Chantilly, du 24 septembre 2003 au 5 janvier 2004.

Albrecht Dürer et la gravure allemande

«Il dépeint même ce qui ne peut se représenter : le feu, la foudre, le tonnerre (...), toutes les sensations et toutes les émotions, enfin l'esprit entier de l'homme», dit Erasme à propos de Dürer. Albrecht Dürer demeure l'un des artistes les plus fascinants de la Renaissance. Graveur de génie, premier théoricien d'art du Nord des Alpes, habile dessinateur, Dürer (1471-1528) s'inscrit dans ce passionnant milieu de l'humanisme allemand.

Aujourd'hui, fort d'une magnifique collection récemment restaurée, le Musée Condé de Chantilly présente une exposition intitulée «Albrecht Dürer et la gravure allemande du Musée Condé de Chantilly». Cet ensemble de gravures, composé de chefs-d'œuvre rarement présentés, a été rassemblé par le duc d'Aumale, sans doute le plus grand collectionneur du XIXe siècle. A sa mort, il légua à l'Institut de France l'ensemble de sa collection d'art et son château de Chantilly, devenus l'actuel musée.

Né et mort à Nuremberg, Dürer se forme à la tradition artisanale de l'époque gothique, dans l'esprit de Jan Van Eyck et Roger Van der Weyden. Rapidement, ses gravures sont copiées, reproduites et diffusées à travers toute l'Europe. Il travaille pour Charles-Quint, côtoie Hans Baldung Grien, Albrecht Altdorfer, Matthias Grünewald, auteur du fameux Retable d'Issenheim, et vraisemblablement Michel-Ange. Cet «Apelle allemand» excelle dans la peinture, l'aquarelle et impose la gravure comme art majeur, autonome.

Mais au-delà d’être un artiste de génie, Dürer sut insuffler à son œuvre une véritable dimension symbolique. Ses autoportraits reflètent un artiste en réflexion, inquiet, tourmenté. Dès 1517, fortement ébranlé par les thèses de Martin Luther, il suit avec intérêt les progressions de la Réforme et se rapproche d'Erasme de Rotterdam et de Philipp Melanchton. Ses interrogations, cette complexité thématique se retrouvent dans ses gravures, telles que la célèbre Melancolia, qui a fait couler tant d'encre et est aujourd'hui présentée à l'exposition. C'est sans doute grâce à ce côté sombre, mystérieux, que Dürer demeure fascinant et atemporel.

A travers le catalogue d'exposition, le conservateur du Musée Condé, Nicole Garnier-Pelle, propose de plonger dans le graphisme particulier de la gravure en Allemagne aux XVe et XVIe siècles. S'y mêlent les œuvres du Maître E.S., de Schongauer, de Dürer. Sujets profanes, mythologiques, religieux. Chaque illustration de ce catalogue est accompagnée d'un commentaire clair et concis, facilement abordable. Malgré une biographie du célèbre graveur, on pourra regretter l'absence d'études plus approfondies. Certes, Dürer a été abondamment étudié, mais quelques lignes concernant le milieu humaniste, la réalité de la commande, l'iconographie controversée de certaines œuvres, auraient pu apporter un éclairage différent à ces gravures. Mais ainsi, toute notre attention est portée sur les œuvres elles-mêmes.

Le Saint Jérôme dans sa cellule de Dürer surprend, la Mort de la Vierge de Schongauer fascine et sa Vierge folle convainc. De ces hachures, de ces vides et de ces pleins, c'est à la fois une ampleur mystique et une infinie douceur qui se dégagent. Une modernité étonnante. Qui ferait pâlir certains auteurs de bande dessinée…

Noémie Wansart
( Mis en ligne le 12/12/2003 )
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