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Le Désert
de Pierre Loti
- Christian Pirot 2001 /  13.74 €- 90  ffr. / 229 pages
ISBN : 2-86808-123-1

Les Couleurs du désert

En 1894, Pierre Loti traverse le désert du Sinaï. Lui qui déteste les contrées touristiques, le voilà comblé : un paysage torturé, un monde géologique et géographique encore en formation, des visions terribles que les rencontres avec les habitants de ce désert ne parviennent pas à estomper.

Ces paysages, si peu accueillants, si déroutants, imprègnent littéralement l’écriture de l’auteur. Il y a dans son récit, toujours identique et pourtant toujours en création, toute la puissance de cette nature, son intemporalité, sa virginité, son immensité, son invariabilité. Pierre Loti est un véritable artiste qui, par petites touches, sait dépeindre les ors des soleils couchants, les gris et les bruns des montagnes, les rouges et les roses du granit, chaque couleur engendrant à son tour des camaïeux subtils et infinis. Avec sa palette sans cesse renouvelée, il brosse des tableaux qui coupent le souffle.

Dans ce décor de genèse du monde, la petite caravane trace son chemin, rythmé par les rencontres : le partage au quotidien avec les Bédouins qui guident la caravane, toujours teinté d’un peu de méfiance, les tribus nomades croisées, les palabres avec les chefs du désert dont dépend la suite du voyage… Et puis, les moines de Sainte Catherine. Pénétrer dans ce monastère, accroché à 2000 mètres de haut aux flancs du Sinaï, c’est faire une incursion dans un autre temps. Construit en 550 sous le règne de Justinien, il épouse les plis et replis du paysage, qui en fait un véritable parcours labyrinthique. Hier, résistant aux assauts des Sarrasins, il ferme aujourd’hui encore ses trois portes bardées de fer dès que le soleil disparaît. Sans doute pour protéger les trésors qu’il abrite dans sa basilique souterraine.

L’arrivée à Gaza signe la fin du voyage et met fin au rêve de désert. "Ici , raconte Pierre Loti, tout est rapetissé sous une lumière amoindrie". Quitter le désert, c’est un peu comme enfiler des vêtements moins amples. Et pourtant, comme le constate l’écrivain avec beaucoup d’humour, "on est très aise, en somme, de retrouver sous sa main les mille petites inventions modernes".


Geneviève Duchemin
( Mis en ligne le 28/06/2001 )
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