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Pocheset Littérature  

Une affaire conjugale
de Eliette Abécassis
Le Livre de Poche 2012 /  6.90 €- 45.2  ffr. / 307 pages
ISBN : 978-2-226-21514-7
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en août 2010 (Albin Michel)

La divorce est consommé

On ne lira plus du Eliette Abécassis. Cette Affaire conjugale, interminable homélie sur le divorce, aura conduit à un divorce en effet, celui d'un lecteur avec un auteur.

Un "Je" nous parle, celui d'une quadra, bobo chansonnière mère de deux jumeaux, pour dire l'horreur de la séparation, quand l'alter ego - Jérôme Portal, manager start-upper siroteur de sites X - devient l'ennemi intérieur. Mensonges, adultères, abandon et guerre intestine. Des premiers soupçons à la signature du divorce, les états d'âmes d'une femme (''bonne femme'' ?) nous sont donnés à lire... et à supporter.

Linéaire et prévisible, gémissante mais superficielle, égocentrée jusqu'à la nausée, chapelet triste de stéréotypes et de vérités toutes faites sur l'amour, le couple, le mariage et son issue tragique, cette élégie lourdasse déconcerte et interroge. On accordait, malgré les critiques, un certain crédit à cette auteure, normalienne qui avait ses tics mais aussi des thématiques qu'elle explorait parfois de façon intéressante. Jamais complètement satisfaisants, ses romans laissaient néanmoins entrevoir la lueur prometteuse d'une œuvre, sur la féminité (la maternité, le rapport mère-fille) et la judéité notamment. Un féminisme parfois maladroit certes, un rapport à sa culture souvent encombrant d'accord, un habitus parisianiste mal contenu souvent... Mais un travail d'auteur tout de même...

Ici, on n'y croit plus. Une affaire conjugale exacerbe ces travers dans le cadre d'une "chick litt" pervertie et molle. Avec - ô crime ! - l'absence totale de ce qui peut rendre ce genre littéraire attractif : l'humour, le recul, l'intelligence de la dérision. Quant aux propos que notre divorcée tient sur la maternité, le rôle du père et la fonction de l'allaitement, ils s'inscrivent lourdement dans les débats actuels, avec des prises de position faciles et dites sans finesse (Un père ? Pour quoi faire ?).

"Rien autant que la musique ne peut exprimer la joie comme la douleur, les rires et les larmes, la tristesse de la vie", nous explique la narratrice-chansonnière. A quoi nous pouvons répondre : "Si, la littérature... Mais pas ici"...

Thomas Roman
( Mis en ligne le 02/07/2012 )
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