L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

Pour seul cortège
de Laurent Gaudé
Actes Sud - Babel 2014 /  7 €- 45.85  ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-330-02862-6
FORMAT : 10,8 cm × 17,6 cm

Première publication en août 2012 (Actes Sud)

Petit roman sur A. le Grand

On aime trop Laurent Gaudé pour dire ici que ce roman a déçu, qu'il est trop court, trop attendu et convenu, comme l'élongation d'une nouvelle qui aurait pu être jointe au précédent recueil de l'auteur (Les Oliviers du Négus). Une demande de l'éditeur pour occuper le marché littéraire avec l'un de ses noms les plus... ''bankables'' ? Trop théâtral aussi, péché mineur pour le flamboyant dramaturge qu'est Laurent Gaudé aussi, mais aux procédés qui ici handicapent la composition proprement romanesque, avec ses incantations, sa gravité tragique, ses emphases telluriques qui, à la longue, sont comme un radotage.

Déception aussi car pour un auteur affectionnant tant l'histoire et ses blessures, les destins titans et les sentiments fauves, Alexandre le Grand apparaît comme un choix bien petit, bien facile, qu'il eût fallu du moins honorer par un petit plus littéraire. L'histoire ici se résume au dernières heures de l'empereur, des fastes d'une orgie qui tourna mal, à la mort et ses suites, la guerre de succession entre les compagnons du prince, la chasse aux descendants, la fuite en particulier de Dryptéis, ancien amour d'Alexandre, rappelée au trône au moment de la chute, pour en être aussitôt chassée. Or Dryptéis est mère et doit cacher au monde qu'elle eut un fils, quand bien même Alexandre n'en est pas le père.

L'Orient s'enflamme, que la dépouille du roi traverse, accompagnée d'une armée de pleureuses, poursuivie par une horde de soldats poussés par des courtisans jaloux. Dryptéis tremble pour son fils, qu'elle a caché, qu'elle voudrait revoir avant que tout ne s'annule et ne s'oublie dans la nuit de l'Histoire.

Les monologues s'enchaînent, dans un style comme sorti de tragédies antiques. Mais les coutures sont grossières, la soie se froisse, plus patchwork que marqueterie. Parce qu'on aspirait à une extase, cette simple caresse, douce, belle (quel style, quel ton !), ne suffit pas. On est déçu parce qu'on aime tellement Gaudé et sa plume.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 22/09/2014 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)