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Pocheset Littérature  

Le Dernier stade de la soif
de Frederick Exley
10/18 - Domaine étranger 2013 /  8,40 €- 55.02  ffr. / 454 pages
ISBN : 978-2-264-05743-3
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Philippe Aronson et Jérôme Schmidt (Traducteurs)

Nick Hornby (Préfacier)


Boire et oublier

Frederick Exley est né en 1929 à Watertown. Après un parcours chaotique tant sur le plan professionnel que familial, après l’expérience destructrice de l’alcool, il effectue plusieurs séjours dans des établissements psychiatriques. En 1964, il publie Le Dernier stade de la soif. Il meurt en 1992 après avoir publié un deuxième ouvrage : A l’épreuve de la faim

Le livre s’ouvre sur la salle de classe d’un collège de la petite ville de Glacial Falls, quand un jeune professeur de 32 ans, en l’occurrence l’auteur lui-même, noyé au milieu de perles d’élèves délicieusement absurdes, décide de se livrer sans se laisser perturber par les aléas de son métier aux passions de sa vie, à savoir, dans l’ordre : son penchant pour l’alcool et sa dévotion pour l’équipe de football des Giants de New York. Avec l’humour qui le caractérise si bien, il nous entraîne dans la salle des profs où une longue et grave discussion s’est engagée sur le bon usage des termes : ''commencer à'' ou ''commencer de''. On fonce dans une lecture d’un dérisoire jouissif. Le ton est donné.

Exley, il faut le dire, fut doté d’un père de légende adulé de toute la ville : joueur de football talentueux sur le terrain, pitre aimable en réunion, confident attentif des malheureux, il cultivait son aura avec un génie qui frisait l’apothéose. Ce père-là fut-il ou non un exemple à suivre ? Quoi qu’il en soit, la gloire de ce père le jetait dans une sombre mélancolie.

Deux fois interné derrière les barreaux d’un hôpital psychiatrique à Avalon Valley où ses excentricités d’ivrogne l’ont conduit, il apprend à vivre en silence avec ses démons. Là, on définit dans quelle mesure et jusqu’à quel point les patients sortent de la normalité. On l’a classé schizophrène paranoïaque. Courbant la tête, Exley apprend à vivre en silence, subissant les soins dérisoires ou dangereux qu’on lui prodigue.

L’ouvrage révèle un être doté d’une intelligence féroce accompagnée d’un humour impitoyable. Sa sensibilité extrême en fait la victime douloureuse de ses propres errements et il en tire la conclusion universelle qu’il est lâche de faire porter aux autres le poids de ses fautes et que la vie de chacun lui appartient en propre et sans partage. A lire et relire…

Anny Lopez
( Mis en ligne le 01/04/2013 )
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