Poches
Littérature de Valérie Clo
J'ai lu - Nouvelle génération 2004 / 3.50 €- 22.93 ffr. / 124 pages
ISBN : 2-290-33079-5
FORMAT : 11x18 cm
Le sang de l’absent
Nina est une femme qui, comme sa mère et ses aïeules, vit marquée par une malédiction : l’homme, figure de l’absence, contraire de l’immédiateté… Abandonnée par son père alors qu’elle était enfant, avec pour seul vestige une boite de musique bleutée et une main de fatma, elle décide de partir à sa recherche au lendemain d’un avortement (après avoir eu deux filles, veut-elle un garçon d’un époux qui la trompe ?...).
Encore un peu de patience est le récit de cette féminité trahie et d’une quête des origines. Souffrant d’hypoglycémie, Nina est régulièrement prise d’une sorte de peur panique devant le bleu, celui chloré d’une piscine, celui fané d’une vieille boite musicale. Bleu des garçons, celui des hommes, de veines héritées d’un père inconnu : «Le bleu de la boite à musique, le bleu de mes veines, le sang de mon père qui coule dedans. Le sang de quelqu’un que je ne connais pas et qui pourtant est en moi. Le vide, le trou, la plaie. La plaie vivante et bleue de son absence.» (p.55)
Et pourtant, le roman n’est pas l’exposé d’une misandrie ; c’est plutôt celui d’une souffrance née de l’objet du désir, de cette altérité à dompter, à rendre sienne. Faisant l’amour avec Paul, le médecin, le mari, cet aîné en qui elle avait cru trouver son oasis, elle explique : «J’allais et venais sur son sexe, les mains dans les poils de son torse, au milieu de son odeur d’homme, en pleine lumière, mes yeux dans ses yeux. Une peau si douce cachée derrière le rugueux des poils. C’était peut-être ça un homme. Et il fallait sans cesse aller chercher cette douceur, leur arracher.» (p.22) Essai raté. Elle cherche dans le retour aux origines, dans ce père reparti au pays, comme une réponse à un mal de vivre…
Avec sa récente collection «Nouvelle génération», J’ai Lu propose des tranches de vie écrites par des auteurs méritant un détour. Valérie Clo est de ceux-là, qui propose dans ce second roman (Voir Papa bis, Seuil, 2003), la confession chagrine mais entraînante, et joliment dite, d’une femme : fille, mère, épouse, amie…
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 05/04/2004 )
www.parutions.com
(fermer cette fenêtre)