Bande dessinée Historique |
Notre Mère la Guerre - Chroniques de Kris et Maël Futuropolis Editions de la Gouttière 2014 / 16 €- 104.8 ffr. / 76 pages ISBN : 978275481152 FORMAT : 22,5x30 cm Illustré par Vincent Bailly, Damien Cuvillier, Edith, Hardoc et Jeff Pourquié. Avec la participation de la Mission Centenaire Epilogue Notre Mère la Guerre est sans doute l’une des plus belle série consacrée à la Grande Guerre, qui, un peu à la manière d’un Tardi, sait mêler les destins individuels et l’histoire, la grande, la collective, la majuscule, celle d’un immense maelstrom d’hommes et de souffrances, de violences et d’horreurs. Et, comme les auteurs le racontent, il s’agit d’un récit dont on ne saurait sortir simplement, tant ces histoires, patiemment rassemblées et redonnées à la vie – via la bande dessinée – possèdent les auteurs et les hantent. Alors dans une dernière salve, entre confession, souvenirs, catharsis et épilogue, Kris et Maël reviennent sur quelques destins, quelques textes marquants, quelques drames engloutis dans l’immense drame…. Mais ils n’y reviennent pas seuls, ils ont des alliés de taille et de talent : Damien Cuvillier, Edith, Hardoc, Vincent Bailly et Jeff Pourquié. Une belle initiative, de s’effacer ainsi derrière de jeunes talents. On a donc différents petits récits, autant de fragments de guerre. On croise une star en la personne du lieutenant Péguy – qui du combat dreyfusard, passa au socialisme, puis à un nationalisme romantique, avant de finir dans un assaut sans espoir. On croise aussi un grand texte, les carnets de Louis Barthas, édités par Rémy Cazals, l’un des grands témoignages de la guerre. Deux visions différentes (un nationaliste réfléchi, un pacifiste) d’un même moment, le départ et la découverte de la réalité de la guerre. Il faut ici citer aussi Georges Deloche, aux chaussettes remarquables, et surtout Gabriel Chevallier, l’auteur de Clochemerle, qui, dans un premier texte brillamment restitué, évoque la peur qui l’a saisit. Et puis il y a les autres, les anonymes comme Vera Brittain, cette jeune « veuve blanche » dont l’amoureux disparaît en guerre et qui part comme infirmière pour oublier les malheurs en se rapprochant du front. Avec un graphisme émouvant et poétique, Edith donne à ce récit très touchant une humanité particulière. Enfin, les gamins, de Jeff Pourquié évoque non pas une figure, mais une génération, cette classe 1914 que la guerre est venue cueillir à la sortie de l’école. La démarche est séduisante : Kris et Maël reviennent aux sources de leur série, à ces morts engloutis par les archives ou célébrés par la mémoire nationale, et leur redonnent vie, une démarche historienne, saluée par le label de la Mission Centenaire. Mais plus que les macarons officiels, cette série s’impose par l’humanité avec laquelle les auteurs ont traité le sujet, et s’il ne fallait retenir qu’une page de cet ultime hommage, ce serait cette page 75 qui voit les morts se regrouper pour un dernier regard. La grande classe ! Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 04/12/2014 ) |
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