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Les voyages de He Pao, tome 1 - La montagne qui bouge
de Vink
Dargaud 2000 /  12.52 €- 82.01  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-205-04922-4

Voyages à risques

Vink entame avec "les Voyages de He Pao" une nouvelle série qui s’inscrit dans la continuité de la saga du Moine Fou -pas moins de dix volumes. Les paysages, les visages, jusqu’aux moindres objets: on peut dire, encore une fois, que le graphisme de l’auteur est parfait. Les personnages, nettement dessinés au premier plan, se superposent à des décors plus "floutés" Les couleurs ternes, un peu passées, créent une ambiance surréelle qui transporte le lecteur dans un univers inconnu, onirique et fantasmé: celui de la Chine médiévale, avec ses croyances, ses peurs et ses fonctionnaires corrompus.

C’est dans cette ambiance que Vink jette son héroïne. Depuis qu’elle connaît le secret de ses origines, "Mademoiselle est d’une humeur !" Flanquée de Petit Li, et détentrice des secrets du Moine Fou, He Pao fait beaucoup de dégâts, un peu comme une Attila sans horde. Elle est mal accueillie dans ce village où le tavernier sert une drôle de spécialité maison. Un peu saoule, elle provoque le Juge en visite privée et, dans la montagne, se mue en une "diablesse" qui bastonne à tire-larigot. Ici, peut-être le lecteur aura-t-il du mal à prendre la scène au sérieux : le grandiose combat qu’elle mène à la page 18 évoque autant les films de Kung Fu de série B que leur lointain cousin Arnold Schwarzeneger, qui, dans Commando, éliminait tout seul pas loin de deux cents adversaires !

La référence est un peu sévère, mais l’album semble surestimer parfois la puissance des arts martiaux. Encore que... La Chine est suffisamment mystérieuse pour qu’on puisse y puiser autant de bizarreries qu’on veut. C’est ce qui autorise les entorses de Vink à la vraisemblance. Son propos, par ailleurs, n’est pas de raconter une histoire possible : il s’agit d’une histoire vécue, à travers les yeux de personnages imbibés de surnaturel. Alors, dans ce contexte, les quelques scènes dont on se moquerait facilement passent sans la moindre difficulté.

He Pao, donc, ne blesse ni ne tue, mais ses pouvoirs la désignent comme coupable des disparitions de jeunes filles qui, depuis un an, hantent les Yao et les Miao, habitants de villages voisins qui ne cessent de s’accuser mutuellement. Bouc émissaire facile, He Pao finit par être vaincue... par le chianti bu chez le tavernier ! Rusés, les villageois réussissent à l’enfermer dans un puits asséché où aboutissent bientôt les routes de tous les protagonistes. C’est là aussi que se dénouent les fils d’une intrigue patiemment tissée tout au long de l’album, autour d’une pratique culinaire qui fait froid dans le dos... Auto-innocentée, apaisée (?), He Pao peut tranquillement continuer sa route vers le prochain tome de ses Voyages.

Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 08/03/2001 )
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