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Bande dessinéeet Historique  

Le Lys noir, tome 1 - Le Jardin des âmes
de Brice Goepfert
Glénat - Vécu 2000 /  9.01 €- 59.02  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7234-3062-6
FORMAT : 22 X 30

Quand la Chine s'enflamme...

La Chine de 1900 est un pays en proie à une révolte extrêmement violente qui prend pour cible les colons étrangers. L'histoire du Lys noir a pour cadre ces mois de printemps où les différentes légations doivent faire face aux terribles Boxers. Brice Goepfert rend compréhensible, même aux moins initiés, le contexte historique, grâce à un texte relativement abondant, qui décrit bien les enjeux et précise la chronologie de l'événement. Son dessin est réaliste et documenté, incisif et efficace. Il sait représenter aussi bien les émotions sur les visages que les plans plus larges des villes ou des rues. Dans cet album, le texte et le graphisme se nourrissent mutuellement pour donner de l'Histoire de Chine une vue intime et originale.

Cette alchimie est une étape nécessaire pour pouvoir installer le contentieux entre deux lieutenants français, Constantin Bertin-Chevrière et Villard. Le second voue au premier une haine féroce depuis qu'il l'a empêché d'exécuter le jeune Tchang, coupable désigné de la mort d'un capitaine qui en réalité s'est suicidé.

La relation mauvaise entre ces deux personnages constitue le fil directeur de l'album : dans la vie quotidienne d'une garnison, où l'attente et la peur pèsent sur les soldats, le lecteur se rend compte que l'esprit de corps n'efface en aucun cas les griefs personnels. Lors de l'assaut final organisé par les Boxers, où le sang coule à flot, Villard trouve le moyen d'assouvir sa vengeance en tirant sur Constantin. Le jeune héros est-il vraiment mort, alors qu'en France l'attendent sa femme et son enfant qu'il ne connaît pas encore ?

En refermant cet album, le lecteur est partagé entre deux sentiments. L'Histoire est certes très bien rendue, mais l'histoire reste à la première impression assez convenue et peu passionnante. L'intrigue est très simple, voire basique, les personnages eux-mêmes n'ont pas cette épaisseur qui pourrait les rendre plus crédibles. Ainsi, Villard apparaît comme le vilain méchant, sans le moindre scrupule, quand Constantin est le jeune premier, altruiste, généreux et fidèle : c'est presque un ange, et à ce titre, le lecteur ne doute pas un seul instant de sa survie. On ne retrouve donc dans le scénario ni la finesse du dessin, ni l'originale efficacité du regard porté sur l'Histoire par un auteur de BD. Mais, à bien y réfléchir, il faut considérer que cette bande dessinée n'est que la première d'une série. Elle pose les bases de l'action future, elle installe une atmosphère et des caractères appelés sans doute à s'affiner. A ce titre, elle mérite sans nul doute qu'on s'y arrête, en espérant que les prochains tomes ne trahissent pas la confiance placée dans un album inégal, mais prometteur.

Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 20/06/2000 )
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