L'actualité du livre
Bande dessinéeet Manga  

Leçons d’amour (tome 1)
de Yuu Yabuchi
Delcourt - Shojo 2014 /  6.99 €- 45.78  ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-7560-3223-8
FORMAT : 11,2x17,6 cm

Mangaka story

Nao Honda est une lycéenne secrètement fan de shôjô manga (manga pour fille). Elle est tellement passionnée qu’elle mémorise tous les mangas qu’elle lit. Ses camarades lui demandent régulièrement des conseils en amour sans savoir que Nao n’a aucune expérience et que sa “sagesse” vient uniquement de ses lectures. En cachette, elle dessine aussi des histoires s’inspirant de ce que ses amies lui racontent. Un jour, elle gagne un prix dans un magazine, ce qui va lui permettre de faire ses débuts en tant que mangaka professionnelle. Elle est toute excitée par cette nouvelle quand elle assiste par hasard à une déclaration d’amour : une jeune fille offre un repas à Kento Kamiki, l’un des plus beau garçon du lycée. Cette scène où le jeune homme se montre particulièrement discourtois va inspirer Nao. Cela marque aussi le début de sa relation avec Kento qu’elle ne supporte pas… jusqu’à ce qu’elle apprenne à le connaître. Dans le même temps, elle rencontre sa responsable éditoriale et des mangakas dont une entretient une relation étrange avec Kento. Elle aborde ce nouveau monde avec une candeur qui lui jouera sans doute des tours dans les volumes à venir.

Les mangas qui mettent en scène des mangakas sont courant dans les ouvrages destinés aux garçons : les valeurs d’effort, de travail, d’abnégation et de dépassement de soi sont faciles à relier aux exigences professionnelles du métier. Dans les œuvres destinées aux jeunes filles, ce type de personnage est rare et est généralement un “figurant” un peu excentrique, voire inquiétant. L’explication est facile à trouver dans les textes libres présents dans tous les tomes de shôjô manga (à destination des jeunes filles) : un mangaka n’a pas de vie sentimentale ! Les auteurs, si promptes à mettre en scène des aventures incroyables et des passions extrêmes, ne racontent, quand elles parlent d’elles mêmes, que des anecdotes pathétiques. Les bêtises de leurs animaux de compagnie, les histoires vécues par les assistantes, les relations (parfois stressantes) entretenues avec la responsable éditoriale, les rencontres avec les lecteurs… Tout sous-entend qu’une mangaka n’a pas de vie sentimentale et n’a donc pas le CV qu’il faut pour être au centre d’un “shôjô”, contrairement à une actrice, une chanteuse, une princesse, une vampire ou même qu’une lycéenne ordinaire. Pourtant, Nao Honda est une héroïne intéressante qui cherche à réaliser son rêve de devenir professionnelle, l’amour (plus secondaire que le titre ne nous laisse l’imaginer) est ce qui va nourrir son imagination d’auteur. Elle s’ouvre donc sur le monde des émotions, des siennes et celles des autres. Mais elle est encore incapable de dépasser ses idées reçues. La problématique des apparences trompeuses, très présente au début du tome, laisser présager que le lecteur n’est pas au bout de ses surprises. Les aventures de cette aspirante mangaka sont prenantes et surtout sans démesures : le graphisme simple rehaussé de trames à motifs variés fonctionne sans problème avec une histoire sans enjeu démesuré, ni une concentration trop forte sur l’ego de l’héroïne (par exemple: un récit où la moindre touche de mascara peut déclencher une crise diplomatique). Bref un manga agréable dont le meilleur est sans doute à venir.

Delphine Ya-Chee-Chan
( Mis en ligne le 05/01/2015 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)