Bande dessinée
Manga de Yuzo Takada
Pika éditions 2004 / 6.95 €- 45.52 ffr. / 178 pages
ISBN : 2-84599-321-8
FORMAT : 12 x 18 cm
La chasse au trésor
Kiyoné, lancée à la recherche du trésor du clan des Urakami, autrefois dérobé par son père, est faite prisonnière sur le navire de la démoniaque mais néanmoins très sexy Kurusu. Alors que cette dernière s’apprête à donner l’ordre d’exécuter Kiyoné, Genzo et sa bande prennent d’assaut le vaisseau in extremis. Le marionnettiste, qui a plus d’un tour dans son sac, va entraver les rêves de gloire et de richesse de Kurusu. Celle-ci espère en effet prendre le pouvoir par un coup d’état, lorsque la flotte de l’impitoyable régent Hidéyoshi mettra le cap sur la Corée en vue d’envahir la Chine et ce, en dépit du mouchoir de poche qui lui sert de vêtement (à Kurusu, pas à Hidéyoshi…). La Belle n’a donc pas froid aux yeux et un violent affrontement s’ensuit sur le bateau de guerre de la corsaire de charme, où tous les coups sont permis…
Dans un Japon médiéval déchiré par les conflits et sur fond de guerre coréo-nipponne, les aventures de Kiyoné nous emmènent dans un monde de chaos, où pirates en tout genre font la loi. Le rythme étourdissant de la série ne manque pas de créer une certaine confusion, entretenue par des dessins brouillons et de qualité très moyenne, qui ne permettent pas d’identifier toujours très clairement les personnages. Extrêmement violent, le scénario se veut un plaidoyer contre la guerre, en s’inspirant notamment de l’ancestral affrontement qui oppose Coréens et Japonais : les tortures et massacres perpétrés sous le règne de Hidéyoshi (ignoble gnome boiteux selon la légende) y sont dénoncés, et l’auteur de se questionner sur le sens de l’Histoire en concluant : «Mais quel contemporain est-il suffisamment clairvoyant pour lire les courants de l’Histoire ?», comme une mise en garde sur la répétition des événements. Bref, on frôle parfois les considérations métaphysiques…
Mais Takada s’attache également aux destinées individuelles de ses protagonistes, notamment au travers de la quête de soi entamée par Kiyoné, qui passera par l’amour de l’Autre et la résolution d’un passé troublé. Cette parabole sur les illusions qui bercent l’être humain trouve un écho chez chacun d’entre nous, et l’universalité de ces questions existentielles fait de Genzo le marionnettiste un conte bien plus moderne qu’il n’y paraît. Mais une fois de plus, le manque de soin apporté au graphisme entrave l’adhésion totale du lecteur. Dommage…
Océane Brunet
( Mis en ligne le 26/05/2004 )
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