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Monster (vol. 14) - Cette nuit-là
de Naoki Urasawa
Dargaud/Kana 2004 /  6.95 €- 45.52  ffr. / 210 pages
ISBN : 2-87129-625-1
FORMAT : 12 x 18 cm

Voyage au bout de la nuit

Toujours en cavale, Tenma comprend que l’un de ses avocats, le dénommé Baul, est l’auteur de l’enlèvement d’Eva. Furieux, il prend en otage le pauvre Verdeman, persuadé que ce dernier est complice de Baul. Mais celui-ci lui révèle que son père avait bel et bien été un espion et qu’il avait de surcroît eu des liens étroits avec Franz Bonaparta, le fameux auteur de conte pour enfants. Or ce Bonaparta tenait une classe de lecture dans la villa des Roses, et le mystère de la naissance de la personnalité pathologique Johann Liebert semble résider au cœur même de cette lugubre demeure. Baul, fervent admirateur de Johann, ne s’était donc associé à Verdeman que dans l’unique but de lui soustraire un carnet ayant appartenu à son père contenant des informations susceptibles de le mener à la villa. Tenma ne dispose alors que d’un seul un moyen pour sauver Eva : monnayer sa libération contre le précieux document.

Soutenu par des illustrations d’un réalisme saisissant, ce quatorzième tome nous offre un suspense encore haletant et cette immersion dans un univers fantasmagorique où le passé soigneusement enfoui refait peu à peu surface. Le monde de l’enfance y tient une place privilégiée, avec ses peurs irrationnelles et ses non-dits, suscitant chez le lecteur un sentiment d’insécurité et d’inquiétude avant de basculer dans l’horreur la plus complète. Ce voyage au cœur de la folie, où gémellité rime avec schizophrénie s’appuie avec élégance sur des ressorts scénaristiques très efficaces : histoire dans l’histoire, parallélismes et flash-back retranscrivent ainsi parfaitement les ambiances ouatées du passé. Et cette escalade dans l’effroi mouche, l’auteur prenant un malin plaisir à livrer au compte-gouttes les multiples clefs de cette intrigue hypnotique. On pourrait d’ailleurs reprocher à cette série son côté retors, qui ne se prête pas bien à la parution mensuelle. En effet, cette complexité ne résiste pas vraiment aux interruptions de lecture prolongées, la mémoire du lecteur engloutissant une bonne partie de détails qui se révèleront pourtant capitaux. Difficulté supplémentaire donc pour Urasawa, et véritable défi, puisque cet auteur de talent a l’épineuse mission de ne pas noyer son public dans une histoire déjà bien alambiquée.


Océane Brunet
( Mis en ligne le 20/06/2004 )
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