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Bande dessinéeet Manga  

Global garden (vol. 1)
de Saki Hiwatari
Delcourt 2004 /  5.50 €- 36.03  ffr. / 192 pages
ISBN : 2-84789-423-3
FORMAT : 11x18cm

I have a dream

1954. Albert Einstein, à l’article de la mort, ne s’est jamais vraiment pardonné d’avoir découvert la formule qui permit un jour l’extermination de milliers de personnes et l’avènement de l’ère atomique, plongeant ainsi le monde dans la terreur et la menace permanente. Mais le savant a un ultime souhait à réaliser, qu’il confie à deux jeunes garçons, Hikaru et Haruhi. Ces derniers avalent une pilule qui ralentira leur vieillissement et leur permettra de vivre ainsi jusqu’en 2005, à la recherche d’une certaine Ruika, seule personne capable d’exaucer le vœu du scientifique.

2005. Depuis la mort de son frère Masato, l’existence de Ruika n’a plus de sens. Sa mère, très affectée, a sombré définitivement dans la folie, élaborant un étrange deuil pathologique : cette dernière est en effet persuadée que Ruika est morte et que Masato, son fils adoré, est bel et bien vivant. Ruika, face à tant de souffrance et en quête d’un peu d’amour de la part de cette mère indifférente, s’empare alors de l’identité de son défunt frère, modifiant peu à peu son aspect physique. Mais cette transformation prend une tournure bientôt inquiétante, les caractères sexuels secondaires de l’adolescente disparaissant progressivement…

L’auteur de Magie intérieure nous propose à nouveau un conte fantastique hypnotique et voilé d’un épais mystère. Cet étrange et intéressant mélange de références bibliques, historiques et psychanalytiques à la sauce Hiwatari, soutenu par des personnages à la psychologie fouillée, aborde de façon quasi subliminale le thème du double, de l’homo-érotisme et même de la trans-sexualité. Ruika, par le contrôle permanent qu’elle exerce sur ses sentiments et sur son corps, cherche son identité dans un monde où trouver sa place n’est pas toujours chose facile. Cette quête de sens, qui passe notamment par la recherche d’une famille, donne ainsi lieu à des moments d’une intensité rare, soutenu par un trait gracieux et élégant.

Bien que le drame soit parfois poussé à l’excès, cet univers onirique où folie douce et rêves les plus insensés cohabitent étroitement se révèle empreint d’une sensibilité et d’un esthétisme typiquement shojo. Le manga offre ainsi une galerie de personnages très expressifs et touchants, parfois même extrêmement malsains. Et le mystère ne manque pas de rester entier en fin de volume, où de nouvelles interrogations assaillent l’esprit du lecteur, piquant sa curiosité au vif.

Océane Brunet
( Mis en ligne le 28/06/2004 )
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