Bande dessinée
Manga de Osamu Tezuka
Asuka 2005 / 6,95 €- 45.52 ffr. / 324 pages
ISBN : 2-84965-051-X
FORMAT : 10,5x15 cm
Parce qu’il est merveilleux de vivre…
Spécialiste en exercice illégal de la médecine, Black Jack le balafré sauve un pauvre hère du tétanos, tente de cadrer l’exubérante Pinoko, guérit impunément une hystérique en pleine conversion et traite chirurgicalement les embolies pulmonaires.
On retrouve dans cette série culte l’univers désormais familier de Tésuka, avec son trait simple, ses créatures étranges entre l’homme et la bête et son regard incisif sur la nature humaine, souvent désespérante de bêtise. Mais les protagonistes étonnent une fois encore par leur cruauté gratuite et naïve, monstrueusement humaine. Leur vanité ne manque pas de créer des situations absurdes et des scènes ahurissantes d’ironie. On retiendra en particulier une dispute mémorable au cours d’une intervention chirurgicale improvisée, théâtre de l’affrontement entre deux egos médicaux surdimensionnés. Car Tésuka traite essentiellement de la difficile déontologie médicale, de la place des médecins dans la société, de leur rapport à l’argent. Ce sujet avant-gardiste fut par la suite repris dans d’autres séries, avec notamment le célèbre Say hello to Black Jack, hommage assumé au maître qui aborde avec autant de mordant et de cynisme les travers des praticiens, des patients et du système de santé tout entier.
Au travers du personnage de Black Jack, chirurgien à l’improbable allure de voyou qui bouscule les clichés et se montre gentiment subversif, l’auteur effeuille de grands thèmes polémiques : santé, euthanasie, secret médical, un peu, à la folie, pas du tout. Bien qu’ancrée dans une réalité scientifique approximative –avec des erreurs rigolotes (de traduction ?) où par exemple la pince de Kocher devient pince de Kochel-, la série dérive rapidement vers le conte surréaliste et embarque le lecteur pour un voyage imaginaire captivant. Tézuka génie du manga : tant pis pour la médecine et tant mieux pour la bande dessinée nippone !
Océane Brunet
( Mis en ligne le 19/06/2005 )
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