Bande dessinée
Manga de Osamu Tezuka
Soleil Productions - Le meilleur d'Osamu Tezuka 2007 / 7,95 €- 52.07 ffr. / 294 pages
ISBN : 978-2-84946-845-6
FORMAT : 11,5x15 cm
Deux hommes et un dauphin
Kazuya découvre un nourrisson au pied d’une falaise en bord de mer. Mais lorsqu’il le ramène à la maison, sa grand-mère rentre dans une rage folle. Persuadée que l’enfant va leur porter malheur, elle veut que Kazuya s’en débarrasse. La mère de ce dernier refuse d’abandonner à nouveau le petit et le prend sous sa coupe.
Quelques temps après, un tsunami emporte le père de Kazuya. Sa grand-mère décide alors de révéler au jeune homme la cause de son inquiétude…
Tezuka a recours à la mythologie grecque pour alimenter cette nouvelle histoire qui fait appel à la fascination séculaire et presque morbide que l’Homme a pour les océans, immensités mystérieuses et inquiétantes. Le monde sous-marin exploré par les protagonistes est troublant, lieu de conflits incroyables entre les hommes et les éléments. Les catastrophes naturelles décrites par Tezuka mettent en exergue la fragilité de l’être humain. En parfait nippon, le mangaka se montre très sensible à ces phénomènes (tsunamis, séismes, etc.) et leur mise en scène confère à la série une intemporalité touchante.
Mais le recours au mythe permet aussi à Tezuka de soulever des problématiques existentielles. Cette intrusion du merveilleux dans le récit pose les jalons d’une interrogation profonde sur notre monde et les lois qui le régissent. On appréciera aussi la kyrielle de personnages retors qui hantent l’œuvre, dont la fourberie n’a d’égale que la cupidité. Le panel est vaste, comme si rien ne pouvait contenir le talent imaginatif de Tezuka. Avec son inimitable art de semer le trouble en brossant le portrait d’un héros sympathique mais néanmoins meurtrier, le mangaka offre des personnages contrastés.
Triton, sorte de cousin lointain des sirènes, combat des amphibiens au physique fascinant. Entre drôlerie et cynisme, Tezuka nous livre ses facéties empreintes d’un humour bon enfant (des sirènes qui regarde une chaîne du câble par vingt mille lieues de fond, des monstres en forme de vulves) avec l’esprit farceur qu’on lui connaît. Comme pour mieux aborder des thématiques plus sérieuses, telle que la séparation, la fatalité, le courage, la persévérance. Son sens moral très personnel et à contre-courant de la pensée unique assoit son statut d’auteur humaniste.
Océane Brunet
( Mis en ligne le 01/08/2007 )
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