L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Il s’appelait Geronimo
de Etienne Davodeau et Joub
Vents d'ouest 2014 /  18.25 €- 119.54  ffr. / 128 pages
ISBN : 9782749306667
FORMAT : 20x26,5 cm

Intégrale des trois albums parus entre 2007 et 2010.

L’enfant sauvage

C’est l’histoire d’un enfant, élevé à l’écart de la société par son père : Geronimo n’a pas de papiers, pas de permis de conduire, pas de passeport, il n’existe pas dans la société française… tel est le projet un peu inconscient d’un père fasciné par les Indiens, et convaincu d’avoir élevé son fils en homme libre. Mais cette liberté, et ce mythe indien, Geronimo entend bien l’essayer en partant justement aux USA, voir les vrais Indiens. Embarqué clandestinement sur un paquebot, il aboutit finalement en Guyane française, paumé, sans ressources et sans identité… jusqu’à ce qu’il en trouve une de rechange, à l’occasion d’un drame. Mais hériter d’une identité, c’est aussi hériter des problèmes, des questions, des angoisses d’un autre, c’est surtout devoir assumer un passé qui n’est pas le sien, et tenter d’éclairer les mystères de son propre passé. De la Guyane à la France, Geronimo, devenu Manu, se lance sur la piste de son identité et, partant d’une vie qui n’est pas la sienne, va chercher à s’en construire une, faite d’amour, de vérité et de rencontres.

On retrouve toujours avec bonheur les histoires d’Etienne Davodeau : une intrigue simple, partant d’un jeune garçon fugueur, et qui devient peu à peu complexe, au fur et à mesure de l’histoire. C’est le moment où la psychologie s’impose, et où l’auteur, très à l’aise avec ces morceaux de vie bouleversés, observe les uns et les autres, un père dépassé et rongé par ses choix, un jeune homme élevé en Indien et qui découvre la réalité du XXIe siècle… Cette histoire de vie empruntée, et d’existence à rebâtir (ou du moins à éclaircir) a le goût d’un beau fait divers, dans lequel les auteurs plongent avec délice pour en rapporter des morceaux d’humanité. Au pinceau, Joub livre un travail sympathique, sans excès de réalisme, en privilégiant l’intrigue et la dimension psychologique : le décor domine largement les personnages aux traits parfois esquissés, que ce soit celui de la Guyane des bas-fonds, ou ce quartier parisien étriqué où se cache Geronimo-Manu. Un album agréable qui explore, sobrement et sans effet de manche, un thème efficace, celui d’une vie à construire.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 08/05/2014 )
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