Bande dessinée
Réaliste de Frank Giroud et Luc Révillon
Glénat 2003 / 16.99 €- 111.28 ffr. / 96 pages
ISBN : 2723444791
FORMAT : 24 x 32 cm
Juste une mise au point
Souvenez-vous : il y a tout juste un an s’achevait l’ambitieuse épopée du Décalogue. Le «personnage» principal en était un livre, Nahik, mystérieuse œuvre dont on avait suivi le parcours à rebours, au fil des décennies, tout au long de dix tomes. Dix histoires, dix tranches de vie qui, prises indépendamment, avaient séduit le lecteur d’inégale manière. Mais en prenant un peu de hauteur et en considérant l’ensemble de la série, force est de reconnaître que le Décalogue avait déployé un vrai pouvoir de séduction addictive sur son public.
L’épilogue de cette saga nous est aujourd’hui livré, et c’est une très bonne idée que d’offrir aux lecteurs ce XIe commandement qui lève le voile sur certaines zones restées dans l’ombre. La maille narrative se resserre, et l’on en apprend un peu plus sur certains personnages clés de la série. Le fil conducteur est lui-même un personnage du Décalogue, Missak Zakarian. Nous l’avions quitté jeune homme, à Berlin, dans les années 20, recherché pour meurtre (tome 5, « Le Vengeur »). Giroud et Révillon lui ont inventé une vie, et voici qu’on le retrouve centenaire et fortuné, à New York. Au seuil de sa vie, Missak Zakarian n’a plus qu’une idée en tête : retrouver la trace de Nahik, et son histoire. Il engage pour cela un éditeur bibliophile, Georges d’Apreval, qui aura carte blanche (ou plutôt carte Bleue !) pour mener l’enquête. Le lecteur va ainsi découvrir, au rythme des investigations de d’Apreval, de nouveaux éléments sur Nahik et quelques-uns des personnages dont le mystérieux livre a croisé le chemin.
Le XIe commandement prend la forme d’une correspondance par mél entre Zakarian et d’Apreval, entrecoupée de zooms historiques très pertinents et de cinq histoires inédites qui complètent certains des tomes du Décalogue (au dessin, on retrouve Bruno Rocco, Lucien Rollin, Michel Faure, TBC et Alain Mounier). Très riche et fourni, cet épilogue s’avère assez passionnant, même si l’on s’assoupit parfois dans les méandres des comptes-rendus généalogiques de Georges d’Apreval. Le lecteur n’aura pas, au final, de révélations sensationnelles sur Nahik. Mais il replongera avec un réel plaisir dans l’univers d’une série où l’Histoire (avec sa grande hache, comme dirait Pérec) se marie à la fiction dans un subtil échange.
Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 20/01/2004 )
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