L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Chute de vélo
de Etienne Davodeau
Dupuis - Aire Libre 2004 /  12.94 €- 84.76  ffr. / 80 pages
ISBN : 2800135395

Une affaire de famille

Quand les parents disparaissent ou vieillissent trop mal pour rester chez eux, l’heure vient souvent pour les enfants de se séparer de la maison familiale. Jeanne et Simon ont pensé que leur mère, malgré la maladie d’Alzheimer dont elle souffre, pourrait peut-être apprécier de passer quelques derniers jours avec eux dans sa maison, le temps d’un grand nettoyage avant la mise en vente. Jeanne est venue avec son mari, ses deux enfants, et le fils de son second frère. Un second frère brouillé avec la famille depuis de longues années. Un ami de la famille, Toussaint, vient prêter main forte aux adultes, alors que les trois gamins ont trouvé leur passe-temps favori : espionner le chantier de maçonnerie en cours en face de la maison de leur grand-mère.

Il plane sur cet album un climat étrange, à la fois doux et pesant. Le titre, d’emblée, retient notre attention : à chaque vélo qui traverse les cases de Davodeau, on se demande si un drame ne va pas se nouer ; l’arrivée de Toussaint est une autre piste potentiellement dramatique (sa façon de regarder Jeanne, par exemple, est loin d’être neutre) ; le comportement de Jimmy, l’aîné des enfants, fait parfois un peu peur (il n’hésite tout de même pas à balancer son petit cousin dans l’escalier pour justifier une égratignure…) ; l’absence du père de Jimmy, elle aussi, nous pose question… De fil en aiguille, malgré toutes ces pistes esquissées par l’auteur, on se laisse emporter par cette chronique familiale sensible, qui pourrait bien n’être que banale : la maladie de la mère de Simon et Jeanne donne lieu à des moments terriblement émouvants ; au second plan, les incidents entre le maçon et son apprenti semblent parfois prendre le dessus. Etienne Davodeau sait mener son lecteur là où il le souhaite. Le fin mot de l’histoire ne sera révélé que lorsqu’il le voudra. Les 75 planches laissent le temps au scénario de se déployer. Un seul regret ensuite : Davodeau clôt son récit sur une pirouette, une queue-de-poisson, une échappée belle – une chute – un peu rapide.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 03/04/2004 )
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