L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Same difference
de Derek Kirk Kim
6 Pieds sous Terre - Monotrème 2004 /  13 €- 85.15  ffr. / 88 pages
ISBN : 2-910431-45-2
FORMAT : 20,5 x 27,5 cm

Le plus bel âge…

« I don’t wanna grow up » : la chanson de Tom Waits rythme un passage de l’histoire de ces deux jeunes adultes, quelque peu nostalgiques d’une époque révolue, leurs années collège, et de l’inévitable passage à une vie pleine de responsabilités et de choix à faire. Simon et Sandy sont de bons amis, même si leur pudeur les aura jusque-là empêchés de se connaître réellement. Ils habitent Oakland, près de San Francisco, et au sortir de leurs études vivent de petits boulots et d’espoirs que quelque chose d’autre arrive. Un hasard de circonstance va les confronter tous deux à un événement qui cimentera leur amitié et marquera définitivement leur envol vers une vie d’adulte.

Simon retrouve une amie du lycée qu’il avait maladroitement éconduite à un bal d’étudiants sept ans plus tôt. Quant à Sandy, c’est une rocambolesque correspondance avec un homme qu’elle ne connaît pas, qui la mène à réfléchir plus sérieusement sur la conséquence de ses actes et la manière de s’ouvrir aux autres. Ayant rejoint Pacifica, la ville où a grandi Simon, l’excursion se transformera en pèlerinage tragi-comique plein de rebondissements, de confessions et de coïncidences décisives.

Premier album de Derek Kirk Kim, jeune auteur d’origine coréenne vivant à San Francisco, Same difference est une totale réussite. À sa sortie aux Etats-Unis, l’album de ce nouveau prodige de la bande dessinée fut unanimement salué par la critique et obtint de nombreuses récompenses. Avec une jolie subtilité et un impeccable sens de la narration, Kim brosse le portrait de ces deux jeunes gens, ni largués ni vraiment stables, se promenant placidement entre deux âges, entre deux eaux. Ils sont à la croisée des chemins et les événements relatés les précipitent vers une direction qu’ils n’auraient pas su prendre seuls. Sans jamais tomber dans le psychologique grossier, Kim raconte avant tout son histoire avec humour et tendresse et laisse à son lecteur le soin d’interpréter tous les non-dits.

Le graphisme de Kim marie avec réussite les codes du manga (notamment dans le traitement des personnages) et ceux du comic underground américain (on pense plus d’une fois à Adrian Tomine en lisant ces pages). Mais c’est surtout dans la mise en scène de son récit que Kim excelle. Ainsi, la scène d’ouverture dans le restaurant chinois ou le passage dans la superette sont d’ores et déjà d’anthologie. L’auteur utilise tous les moyens que la bande dessinée lui offre pour faire évoluer son intrigue, pour souligner une scène, un instant ou juste un regard.

Un très bel album, trop vite lu, mais qui laisse présager une belle carrière à son auteur.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 02/10/2004 )
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