L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Trois éclats blancs
de Bruno Le Floc'h
Delcourt - Mirages 2004 /  14.95 €- 97.92  ffr. / 96 pages
ISBN : 2-84789-289-3
FORMAT : 20x 26,5 cm

Histoire d’un phare breton

L’histoire débute au printemps de l’année 1911, dans un petit port de pêche de la côte bretonne. Un jeune ingénieur tout droit venu de Paris vient s’installer pour quelques mois, pense-t-il, afin de diriger le futur chantier : la construction d’un phare à quelques kilomètres de la côte, sur un rocher escarpé surnommé « la Pierre Chauve » par les autochtones. Mais, caprices de l’océan, le site n’est immergé que quelque trente jours par an. Pour l’ingénieur, dont c’est la première mission, les problèmes ne commencent qu’à peine puisqu’il devra faire face aux soucis d’argent, au manque de matériel et aussi et surtout, à la rudesse des habitants qui ne voient pas toujours d’un bon œil les manières citadines de « Monsieur l’ingénieur ». Sur le terrain, le fort en thème devra faire preuve de tact et oublier la théorie pour parvenir à être accepté et respecté.

Dans la continuité de son précédent album, (Au bord du monde, Delcourt, 2003), Bruno Le Floc’h installe son récit dans une Bretagne de carte postale, celle d’autrefois, des marins et des pêcheurs, là où les hommes vivent au rythme des marées et du climat. Dans Trois éclats blancs, il raconte la confrontation de deux mondes autour d’un formidable défi humain. La longue période de construction du phare connaît de nombreux contretemps : avaries, accidents, éléments déchaînés… Et la difficile intégration de l’ingénieur au sein de la communauté locale ne facilite pas les échanges. Au fur et à mesure que les mois passent, le jeune homme parviendra à se faire accepter, allant même jusqu’à se sentir moins à l’aise avec ceux de son rang. L’idylle avec la fille du maire tournera ainsi court au profit d’une histoire plus passionnée avec une jeune femme du village…

Trois éclats blancs brille d’un bel éclat. Le trait de Le Floc’h, lorgnant du côté de chez Hugo Pratt, agréablement réduit au minimum du réalisme, est mis en valeur par une très jolie palette. Ces couleurs, délicates et soignées, apportent une lumière chaleureuse et restituent avec réussite l’ambiance du petit port de pêche. Paysages, costumes et décors d’intérieurs, tout est étudié et précis mais Le Floc’h ne surcharge jamais outre mesure ses vignettes. Subtilement, ce sens de l’épure se rapproche ainsi plus d’un carnet de croquis mis en couleurs que d’un rendu photographique clinique et prétentieux. Simple, sensible et très personnel, ce deuxième album d’un auteur complet est une très bonne surprise.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 31/10/2004 )
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