Bande dessinée
Comics de J. M. Straczynski , Ron Garney et Humberto Ramos
Panini - Marvel Deluxe 2008 / 28 €- 183.4 ffr. / 280 pages
ISBN : 9-782809-405132
FORMAT : 17 x 26 cm
Chiens de guerre
Publiée en 2007 en 7 volets, et déclinée dans la plupart des titres Marvel, la série Civil War fut l’événement comics de l’année dernière. Le pitch était tout à la fois simple et ambitieux : un conflit entre les divers super héros de l’écurie Marvel, bons et méchants indistincts, autour d’une question qui n’est pas sans résonance dans les Etats démocratiques actuels, celle de la surveillance de la population, de son étiquetage même, du fait de lois (antiterroristes notamment) d’exception. Une série militante donc, qui voyait les super héros s’affronter après qu’un fait divers tragique – la mort des enfants d’une école lors d’un combat entre deux groupes de super héros – aboutisse à un projet de fichage de la population surhumaine. Dans le camp légaliste (républicain ?), un camp qui glissait lentement vers une dictature soft, on croisait Iron Man, Mr Fantastic ou encore Hank Pym tandis que de l’autre côté, les partisans de l’anonymat libertaire était guidé par Captain America ou encore Daredevil. Le choix était cornélien… et la série fut un succès, jusqu’à sa conclusion tragique, l’assassinat de Captain America…
L’un des moments phares de cette série fut, par ailleurs, la révélation publique, par Spider-Man, de son identité secrète : Peter Parker faisait alors son coming out de super héros, enrôlé – par fidélité plutôt que par raison – dans le camp légaliste… Un choix qui allait avoir des conséquences terribles. Et comme toujours chez Marvel, Spider-Man entend incarner, plus que d’autres, un lectorat qui cette fois, s’avère hésitant : quel camp choisir ?
La présentation, luxueuse, en fait un bel ouvrage de collection pour les fans de Spidey et de comics, et surtout, le récit (qui complète un premier tome centré sur le conflit lui-même entre partisans et adversaires de la loi) s’attarde sur les dessous de l’affaire : les hésitations de Spider-Man, le légalisme d’Iron Man… Au final, l’Homme-Araignée opte pour le camp des résistants, mais le prix à payer pour la liberté sera lourd…
Et comme un bonheur ne vient jamais seul, l’album réunit également les aventures de Wolverine/Serval, confronté à Nitro (le responsable de la tragédie initiale) et à un complot manifestement plus tordu, au cœur de l’affaire Civil War : autre histoire, autre graphisme. Là où Ron Garney, le dessinateur de Spiderman, fait dans un réalisme sobre et sage, Marc Ramos laisse libre cours à son pinceau et dévoile un Wolverine sauvage, massif, animal que les péripéties juridiques de la loi laissent froid, uniquement préoccupé de vengeance et de mort. Le contraste entre les deux héros méritait un tel rapprochement dans cet album qui enrichira la collection des fans et complète, peu à peu la série centrale. Une série qui révèle toutes ses ambitions et une publication bienvenue (pour ceux qui avaient notamment choisi de restreindre leurs achats)…
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 21/10/2008 )
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