L'actualité du livre
Bande dessinéeet Comics  

The Goon (tome 12) - Du whisky et du sang
de Eric Powell
Delcourt - Contrebande 2015 /  15.50 €- 101.53  ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-7560-6354-6
FORMAT : 17,3x26,4 cm

Bourre-pif

Revoilà le Goon ! Ce croisement entre Jean Gabin et Hellboy. Ce boxeur du paranormal qui n’en finit pas de nettoyer les rues sales de sa ville grise des zombies et autres serpents, dragons, gorilles moches qui rôdent. Aidé de Franky, il n’oublie pas non plus de faire quelques pauses dans les bars du coin, goûtons voir si le vin est bon, et la bière aussi. Festif, référentiel et rigolard, l’univers de The Goon est une source intarissable de monstres affreux et de bagarres à gros coups de bourre-pifs, un hommage en cases aux pulps et autres nanars fantastiques.
Derrière, les crayons, les pinceaux et les textes il y a toujours l’infatigable Eric Powell. Sa vie, son œuvre, son bébé c’est The Goon, né en 1999, et si l’on en croit le petit mot de l’auteur en fin d’ouvrage (« Continuons quinze ans de plus (…) »), ça n’est pas prêt de s’arrêter.

Ce douzième tome compile 5 histoires courtes. La première voit le Goon passer une sale journée, continuellement harcelé par des entités qui le préviennent, tout en l’agressant, qu’un autre danger rôde sur lui : du cancrelat sorti des égouts jusqu’aux mannequins d’un magasin de fringues, le Goon n’aura pas de répit.
La deuxième histoire convoque des personnages que Eric Powell a déjà mis en scène dans Billy the Kid’s Old Timey Oddities (Dark Horse, 2005). C’est la nuit d’Halloween, et le Goon va devoir à affronter un horrible bébé géant.
Dans le troisième récit situé au Mexique, les hispanophones seront ravis puisque ce récit de bataille entre un lézard amoureux et le Goon est en version originale non sous-titrée. Avec en guest un Tom Waits complètement allumé. Il y a dans ces pages ensoleillées l’esprit de la Lucha Libre et de l’alcool qui pique.
« Un pour la route » date de juin 2014 et avait été publié en dehors de la série officielle comme un court one-shot. C’est un hommage direct à Jack Davis et l’on retrouve dans ces pages l’esprit des Tales from the Crypt (avec les trois créatures encapuchonnées bien connues), les soldats issus des comics de guerre et ces caricatures de stars qui avaient fait la célébrité de l’illustrateur américain, notamment pour les affiches de cinéma. Pour Eric Powell, c’est une manière de se confronter à l’un de ses maîtres et, sans complexes, il fait preuve une nouvelle fois de son talent pour les mises en scènes dynamiques et colorées : c’est un festival de trognes, de bastons et de délires en tous genres. Tout cela accompagné de dialogues toujours d’un goût très sûr, on s’en doute…

Mais parce que Powell n’a pas non plus que ça à faire, il laisse pour le dernier récit ses crayons à Mark Buckingham (Fables). Avec cette histoire de rôdeur des marais qui, forcément, cherche des noises au Goon, on est dans de l’ultra classique, sans trop de surprises mais toujours avec ce sens du bon mot et de la scène d’action efficace.
Comme toujours, l’album se termine sur un carnet de croquis, d’études et de dessins inédits : des petits bonus toujours appréciables pour les amateurs.

Moins connu mais plus drôle et tout aussi musclé que Hellboy, The Goon reste une valeur sûre, une référence incontournable et ce douzième tome, sans atteindre les sommets de Chinatown ou du Bal des damnés, est un impeccable divertissement.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 09/04/2015 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)