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X-Men : l'intégrale 1981
de Chris Claremont , John Byrne et Dave Cockrum
Panini - Marvel classic 2004 /  25 €- 163.75  ffr. / 328 pages
ISBN : 2845382936
FORMAT : 18 x 27 cm

Cette année-là...

Vous, je ne sais pas ; mais moi, j’avais onze ans en 1981 et je lisais les traductions françaises des aventures des super-héros Marvel : Daredevil, Spider-Man, les Quatre Fantastiques et, bien sûr, les X-Men. A l’époque, on les lisait dans les mensuels : Strange, Titan, Nova, etc. Aujourd’hui, on les réédite systématiquement sous forme de luxueux albums à la couverture brochée et aux pages de papier glacé. Les super-héros nés de l’imagination débordante de Stan Lee et Jack Kirby dans les années 1960 ont conquis leur place au soleil dans l’imaginaire collectif, comme en témoignent les multiples adaptations cinématographiques de leurs aventures, à commencer par celles des X-Men.

Panini publie donc le cinquième tome de l’Intégrale X-Men, qui couvre l’année 1981. Cette année-là, Reagan était président des Etats-Unis et Brejnev secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique : ils apparaissent furtivement dans l’album, contribuant à lui donner son côté désuet de guerre froide. Pour les X-Men, le temps est venu d’une seconde génération, après la mort de Jean Grey (Phoenix) dans les épisodes précédents. Autour du Professeur Xavier, se trouvent donc maintenant réunis la belle Tornade, Colossus, Etincelle, Diablo, Angel, encore un peu Cyclope et bien évidemment le fantasque et tragique Wolverine. Parmi leurs ennemis : le docteur Fatalis, la reine Blanche et surtout l’ambigu Magneto.

Vous, je ne sais pas ; mais moi, à onze ans, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris à la spécificité des X-Men dans l’univers Marvel. Et pourtant, elle était originale, cette série fondée sur l’idée d’une accélération rapide du processus de l’évolution, conduisant à l’apparition d’hommes «mutants», dotés de super-pouvoirs. Toute l’astuce des scénaristes était de tenter de résoudre, par l’allégorie du rapport entre hommes normaux et hommes mutants, le problème de l’altérité et ses corollaires pervers, du sexisme au racisme. L’épopée des X-Men est ainsi tout entière un roman d’apprentissage de la tolérance, dont chacun des personnages fait l’expérience, mais que Wolverine et Magneto (le mutant devenu méchant après avoir vu sa famille disparaître à Auschwitz) incarnent plus particulièrement.

Bien sûr, il y a l’esthétique Marvel : les super-héros tout en muscles (une discrète référence est d’ailleurs faite, dès cette série de 1981, à Arnold Schwarzenegger…), les super-héroïnes tout en courbes généreuses ; un esprit de système dans le dessin des corps et des visages, qu’accompagne une certaine raideur. Il y a aussi les couleurs criardes – sans doute adaptées au mauvais papier des comics mais pas du tout au belles pages de la réédition en volume. En 1981, tout cela ne me choquait pas beaucoup. Ces muscles, ces formes et ces couleurs étaient du reste, on l’a dit depuis, assez bien accordés à la sensibilité des adolescents. Cela dit, vous, je ne sais pas, mais moi, maintenant, j’ai passé l’âge. Et pourtant, c’est très étrange, il y a du plaisir à revoir tout cela.

Sylvain Venayre
( Mis en ligne le 20/03/2004 )
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