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Bande dessinéeet Comics  

Marvel Zombies
de Alan Kirkman et Sean Phillips
Panini Comics - 100% Marvel 2007 /  11 €- 72.05  ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2845389977
FORMAT : 17,3x26,4 cm

Fallait oser…

On peut quasiment tout faire avec un super héros… sauf le faire mourir : ce serait un crime de lèse majesté. Certes on en a vu mourir un bon nombre, pour diverses raisons : les obsolètes, les trop puissants, les ratés… même Superman s’y est mis, mais pour mieux renaître par un artifice scénaristique discutable. Bref, le super héros mort, ce n’est pas porteur. Heureusement, il y a des affreux jojos, chez Marvel, qui se sont dit un beau jour «et pourquoi pas ?»… et même mieux : si on faisait mourir tous les super héros, si on les transformait en super zombies, bourrés de pouvoirs et désormais affamés, versant dans le cannibalisme … Qui a dit BD «culte» ?

Marvel Zombies est un ovni, un truc bizarre, inclassable, mélange de gore, de délire et de mauvais goût : c’est de l’héroïquement incorrect mais c’est aussi, pour les fans de comics, l’album qu’il faut avoir lu, comme une version décapante d’un univers souvent assez conformiste (même si, avec la belle série Civil War actuellement, Marvel s’amuse à faire éclater quelques clichés). Que l’on se rassure toutefois : l’épidémie (alien, forcément) de zombification ne touche qu’une terre parallèle sur laquelle quelques vrais héros se sont égarés (les 4 Fantastiques). Et sur cette terre, ravagée par le virus zombi, les super héros, touchés, se sont transformés en cannibales, mettant au profit de cette nouvelle pulsion des pouvoirs jadis au service de ceux qui sont désormais leur garde-manger. Alors certes, quelques survivants demeurent (Magnéto par exemple), traqués par le «Colonel America» (on vous avait dit que c’est une terre parallèle) et sa bande, mais dans l’ensemble, cet univers est bien dévasté et les héros (Spiderman, les Vengeurs, Hulk, les X-Men…) ont faim. Cela n’empêche même pas super héros et super vilains de s’affronter… Seul le motif (en l’occurrence, un bon gros paquet de viande) change. Qui ? ou plutôt quelle entité saura les arrêter ?

Scénario bien délirant, rythmé par quelques scènes gores d’anthologies, dialogues taillés au cordeau, sans guère de respect pour des héros qui ne reprennent conscience de leur monstruosité que le ventre rempli (mention spéciale pour Spiderman, qui aura grignoté Mary-Jane et tante May et ne s’en remet pas) : les traumatismes des uns alternent avec l’égoïsme des autres. Que des monstres en collant donc… Et le graphisme est, à l’aune du scénario, très réussi, avec une mention spéciale pour les couvertures, en fin de volume : un modèle du genre, mélange heureux de gore et de fantastique. Au final, un album cultissime : un one-shot (?) improbable et réussi, indispensable aux amateurs du genre.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 13/06/2007 )
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