L'actualité du livre
Bande dessinéeet Comics  

Walking Dead (tomes 1 et 2)
de Robert Kirkman , Tony Moore et Charlie Adlard
Delcourt - Contrebande 2007 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 128 pages
FORMAT : 17,3x26,4 cm

Tome 1: Passé décomposé
Tome 2: Cette vie derrière nous...


Lost in zombieland

C’est un fait quasi indiscutable : le zombie est très tendance, cet été, notamment dans l’univers des comics où après un exceptionnel Marvel zombies déjà culte, Robert Kirkman récidive avec un excellent et très prometteur Walking Dead dont – bonheur des bonheurs – les éditions Delcourt sortent dans le même temps deux tomes… Mais attention, point de gore délirant cette fois-ci, on est plutôt dans le huis clos tendu, le face à face éprouvant pour un comics qui tient plus de 28 jours plus tard que de L’invasion des morts-vivants. Un beau récit intimiste sur les réactions des hommes face à l’inconnu, avec, en toile de fond, l’enfer sur terre.

Tout commence comme dans de 28 jours plus tard justement : un beau matin, Rick policier héroïque et comateux, se réveille à l’hôpital après un coma de quelques semaines… Mais là, point d’infirmière, le lieu est désert si ce n’est une horde de zombies occupée à festoyer en sous-sol… et un homme qui n’y comprend goutte. Echappé de l’hôpital et de ses locataires un peu agressifs, Rick erre dans un monde désolé, abandonné, ruiné, où les humains se cachent pour survivre. Et très logiquement, il part vers Atlanta en quête de sa famille… qu’il retrouve, ayant survécu miraculeusement grâce à la gentillesse de Shane, un collègue policier, un bon copain même… du moins avant. Intégré à une petite communauté faite de bric et de broc, au gré des rencontres, tachant de survivre au jour le jour en échappant aux zombies, Rick réalise toutefois que même menacés par un danger commun, les hommes finissent par se heurter. Et en l’occurrence, de manière très classique, à cause d’une femme. Et la violence, jusque-là cantonnée à l’écart du groupe et réservée aux morts, s’invite jusqu’à provoquer l’irréparable. Une violence qui parsème le long chemin de ces survivants, traversant les territoires à la recherche d’un havre protégé, de nourriture, d’armes et de paix. Chaque étape, traitée à la manière d’un épisode de série, aboutit à une confrontation, tant il apparaît que même menacé, l’homme n’est pas un animal si social que ça.

Walking Dead revendique, légitimement, un traitement original du thème des zombies : ici, l’accent n’est pas mis sur les combats entre vivants et morts (ce qui a son charme) ni même sur les morts en soi (ce n’est pas Land of the Dead), mais plutôt sur les relations entre les vivants eux-mêmes, les difficultés de la vie en communauté improvisée avec, comme une épée de Damoclès, la menace des zombies. Aussi l’attention a-t-elle été portée sur les dialogues, les rapports entre les survivants, les situations, dans une mise en scène très inspirée de Tony Moore, puis de Charlie Adlard (dans un genre plus classique). Le graphisme, noir et blanc, est efficace sans réalisme excessif : pas de gore ni d’hémoglobine, tout est dans le cadrage, les visages… au lecteur de saisir l’horreur des survivants, confrontés à la fin de leur monde. Le ton oscille donc constamment entre le film noir et l’horreur… sans que les zombies ne s’imposent pour autant. Scénariste remarqué avec Invincible, Robert Kirkman a su donner à son intrigue une allure de huis clos au grand air, dans le genre Lost. Suspense éprouvant en tous les cas, qui devrait satisfaire - pour un temps seulement, mais les auteurs promettent que ce sera un film de zombie sans fin – les amateurs de chair en décomposition. Un comics très réussi, original et prometteur.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 10/07/2007 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)