Bande dessinée
Comics de Robert Kirkman et Charlie Adlard
Delcourt - Contrebande 2007 / 12.90 €- 84.5 ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-7560-1283-4
FORMAT : 17,3x26,4 cm
Prison break ?
Paradoxe étonnant, les zombis se révèlent bien plus prolifiques que les vivants : plus on les extermine, et plus il y en a… Walking Dead, c’est la rencontre prometteuse entre le comics et l’horreur, entre les morts vivants et une esthétique sombre, tout à fait adaptée, comme une version BD de Romero. Avec toutefois un angle original : ici, l’accent n’est pas mis sur le face-à-face humains-zombis, mais sur le huis clos entre les survivants encerclés… et ce n’est pas beau à voir.
Rick, héros des deux albums précédents, est un flic d’Atlanta, survivant de la grande épidémie de zombification qui, avec sa famille et quelques « associés », traverse les Etats-Unis en quête d’un havre de paix sans zombis. Après avoir échappé à la grande ville envahie (jusque dans ses banlieues huppées), et à une communauté rurale déboussolée, le voilà aux abords d’une prison aux allures paradisiaques. Imaginez : de hauts murs, des grilles, des sas, des réserves de nourriture, et des espaces où installer une communauté : bref, de quoi résister calmement à l’encerclement des zombis. Le seul hic dans ce plan magnifique : dans la prison aussi, il y a des survivants, et pas forcément les plus doux (de fait, ils ne se sont pas retrouvés en prison pour avoir piétiné le gazon d’un parc)… il va falloir survivre, cohabiter et faire avec la petite voix de la conscience qui susurre qu’un criminel le reste à vie… Dehors, les zombis, et dormant à côté de vous, le, ou les tueurs ! Joli dilemme, et de quoi pimenter un huis clos déjà éprouvant.
Avec ce nouveau tome, qui regroupe les numéros 14 à 17, Walking Dead s’installe sur un créneau original, celui d’un excellent comics, très réaliste, jouant sur le noir et blanc pour suggérer, qui sait dépasser le simple récit gore et réinstalle, dans le registre de l’horreur, les astuces du thriller et du récit d’angoisse… car le soupçon est, bien plus que les zombis, la vraie menace de ce tome 3, dans une ambiance carcérale plus proche d’Oz que de Jailhouse Rock. Une série qui tient ses promesses, tant du fait du scénario de Robert Kirkman (lequel revisite les standards du film de zombi en les réadaptant à sa sauce polar), que du graphisme gentiment gore de Charlie Adlard, parfaitement à son aise dans ce récit de fin du monde. Une nouvelle variation très réussie, pour une série dont il faut espérer un suivi mérité.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 27/12/2007 )
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