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Bande dessinéeet Fantastique  

Koma (tome 6) - Au commencement
de Pierre Wazem et Frederik Peeters
Les Humanoïdes associés 2008 /  10  €- 65.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978 2 7316
FORMAT : 22,5 x 29,7 cm

Beau rideau

Suite et fin d’une des séries les plus attachantes de ces dernières années. Avec ce dernier tome de Koma, Pierre Wazem et Frederik Peeters entraînent leur petite héroïne jusqu’au bout d’une fantastique aventure riche en rebondissements et en surprises, au bout de la maladie incurable et des machineries souterraines. Le récit, comme incroyablement, retombe sur ses pattes, faisant littéralement intervenir un deus ex machina en la personne d’Addidas elle-même. Comment terminer une série qui, par ci par là et après un début fabuleux, semblait il est vrai chercher son chemin ? Les quelques doutes qui survenaient à la lecture des tomes précédents (l’improvisation comme fil narratif dangereux et épuisant, cauchemar de plusieurs bandes dessinées récentes) sont ici finalement balayés. La petite fille devient aujourd’hui seule responsable des aléas de la série qui porte son nom… quoi de plus logique ? Tout devient ainsi possible et les éléments les plus fantastiques ou incongrus passent avec la légèreté de la fantaisie. C’est un final à la fois spectaculaire et inspiré, élaborant une poésie de la narration, une parabole du métier de créateur, d’un monde à (ré)inventer, avec ses erreurs et ses fulgurances.

Les auteurs voient aujourd’hui plus grand que leur univers de départ, et c’est sans doute la force de cette série qui n’a pas cessé de se réinventer, de se recomposer. On est ainsi passé d’une bande dessinée jeunesse à quelque chose de plus imprécis, de plus large, brassant fantastique, horreur, science fiction, chronique kafkaïenne et comédie d’aventures. Les ambiances se succèdent, les scènes élégantes défilent et les grands moments sont nombreux : on retiendra longtemps ce premier tome posant un univers charbonneux de cheminées et de fumée, puis ces gros monstres qui errent dans les souterrains, et enfin cet hôtel impossible –entre Shining et Psychose - aux couloirs infinis et aux mutations constantes.

Avec assurance et crédibilité, le petit monde de Koma s’est donc ouvert vers des ailleurs narratifs et graphiques enthousiasmants, renouvellant ainsi le récit sans le trahir, l’emportant progressivement vers quelque chose de plus fort. C’est toute la grâce des petits mondes imaginés par Wazem – il n’y a qu’à voir le récent La Fin du monde - mélange d’influences cinématographiques, de paraboles oniriques et de fantaisie pure. Le dessin de Peeters, armé d’un trait qui n’a peur de rien, achève de donner à la série une force indiscutable. D’ores et déjà un classique du genre !

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 11/11/2008 )
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