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Bande dessinéeet Fantastique  

Milmo (tome 1) - Que renaissent les légendes
de Hervé Manuguerra et Laurent Ribet
Akileos 2004 /  13.50 €- 88.43  ffr. / 64 pages
ISBN : 2-915168-09-1
FORMAT : 23,6 x 31,5 cm

Le temps et la mort

Ce premier tome de la saga de Milmo, s’il respecte les règles désormais classiques de l’heroic fantasy, est un peu compliqué à suivre. Les grands traits de l’histoire ont certes un air de déjà-vu. Milmo est le fils d’une fée et d’un Maître noir, qui possède un don étrange : il peut, en les invoquant, donner vie aux anciennes légendes que son propre peuple a oubliées. Mais cela à une condition : chacune de ses invocations le projette dix ans dans le futur, et le fait vieillir d’autant. En bonne logique, il est à chaque fois placé dans une situation cornélienne. Et, en particulier, lorsqu’il s’agira de sauver un ami, acceptera-t-il de perdre dix ans de sa vie en demandant l’aide d’un dragon ou d’un Bronk quelconque ?

L’histoire aurait pu se déployer ainsi, linéairement. Mais Hervé Manuguerra, qui signe le scénario, a choisi de corser la trame narrative. Le temps n’est ici que la quatrième dimension, celle qui s’ajoute aux trois dimensions de l’espace. Milmo peut, à son gré, ou plus exactement au gré de la magicienne qui fut son amie d’enfance, passer d’une époque à une autre. C’est astucieux, quoique là encore pas très original depuis H.G. Wells, et cela brouille considérablement les pistes. Que signifie perdre dix ans lorsqu’on peut sauter dans le temps ? Le sens commun est dérouté, au point parfois de perdre un peu trop le lecteur. Seule certitude : il est normal qu’à l’issue de ses aventures, Milmo se retrouve face à son pire ennemi : la reine Tanathéa, c’est-à-dire la Mort. Une Mort bien sexy, cela dit.

Une fois passée la scène d’exposition (ratée), le rythme de la narration est suffisamment soutenu pour tenir en haleine. La quête de Milmo intéresse, d’autant plus qu’elle est portée par le graphisme clair de Laurent Ribet, qui signe ici son premier album. On peut lui reprocher certains détails (Bulbyr, «un petit être teigneux et plein de poils», malodorant paraît-il, n’est pas une réussite). Mais son style simple, où l’on croit déceler parfois l’influence du manga, est agréable et convient bien à l’heroic fantasy. Un carnet de croquis de huit pages, qui conclut l'album, permet d’ailleurs de voir l’artiste à l’œuvre, ce qui est toujours intéressant.

Sylvain Venayre
( Mis en ligne le 09/06/2004 )
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