Bande dessinée
Fantastique de Sylviane Corgiat et Corrado Mastantuano
Les Humanoïdes associés 2004 / 12.60 €- 82.53 ffr. / 56 pages
ISBN : 2 7316 1550 8
FORMAT : 24 x 32 cm
L'odyssée d'Elias
Les recettes pour réaliser une bonne bande dessinée d’heroic fantasy sont a priori simples : un univers original, des dialogues à la fois naturels et ciselés, une intrigue complexe et à rebondissements, et un héros un tant soit peu intrigant… Encore faut-il pouvoir réunir tout cela. Si la production française est de qualité, il est quelques séries qui se détachent du lot et dont le seul nom est synonyme de qualité : augurons qu’Elias le maudit fera bientôt partie de celles-ci, tant le résultat est plaisant. Fan, fan, fan !
Le roi Elias n’est pas un rigolo : il aime la guerre par-dessus tout et la victoire ne lui échappe jamais… mais le jour où il s’attaque au puissant mage Melchior, il y perd son royaume, son armée… et jusqu’à son identité ! Se retrouvant dans la peau du magicien (sans les pouvoirs), il n’a donc plus qu’une idée en tête, le retrouver, se venger et, accessoirement, récupérer son corps. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, et dans un monde ravagé par la guerre et la peste rouge, il faut plus qu’une épée bien maniée pour triompher. Heureusement, la route d’Elias croise quelques comparses de valeur, comme Evangele, une femme médecin séduisante, et Bertil, un zwerg (sorte d’elfe mangeur de chair humaine), amateur de connaissances en pleine rédemption. A trois, la route est moins longue et les ennuis plus légers…
Le scénario de Sylviane Corgiat est d’emblée captivant et on quitte l’album avec difficulté. Le graphisme de Corrado Mastantuono, qui rappelle celui de Cyrus Tota (Aquablue, Photonik) est magnifique, à la fois riche, précis et débridé, servi par une mise en scène inventive : on est là face à un bel album d’heroic fantasy et, assurément, une série prometteuse qui pourrait inspirer les rôlistes. Elias, le personnage principal, est à la fois héros et anti-héros, conquérant implacable et guerrier solitaire au grand cœur. Tout l’intérêt du personnage réside dans cette part d’ombre, ce contraste entre deux personnalités qui en fait un être aux réactions imprévisibles. L’intrigue est bien menée et le lecteur va de rencontres en combats, à la découverte d’un monde un peu sauvage et violent, où la magie et les créatures fantastiques abondent. Mais surtout, l’excellente idée est cet artefact magique, « le jeu des corps célestes », une collection de 32 cartes (fan de Magic, tu vas adorer !) dont chacune dote son possesseur d’un pouvoir particulier… Qui détient ces cartes dispose bien évidemment d’une puissance redoutable et de redoutables adversaires. Comme Elias, on a hâte d’en savoir plus sur ce jeu, à grands coups d’épée s’il le faut… vite, la suite !
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 05/09/2004 )
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