Bande dessinée Fantastique |
La Danse du temps (vol.2) - L'Arme des démons de Igor Baranko Les Humanoïdes associés 2006 / 13.90 €- 91.05 ffr. / 48 pages ISBN : 2-7316-1790-X FORMAT : 24,5x32 cm L'Amérique uchronique Dans un premier volume très réussi, flirtant avec le fantastique et le paradoxe temporel, Igor Baranko, déjà remarqué pour L’Empereur Océan, s’attaquait à un sujet original, l’Amérique indienne… mais une Amérique indienne qui aurait échappé aux conquistadors et à la grippe, une Amérique où les nations amérindiennes, structurées et organisées, quasiment des Etats, seraient parvenues à chasser l’envahisseur. Cette Amérique, c’est celle de La Danse du temps. Dans cet épisode initial, Quatre-Vents, un jeune sioux, transgressait le cours du temps et de l’histoire pour conquérir une princesse indienne, Lune-dans-les-nuages. Les conséquences de ces manipulations magiques hasardeuses, genre apprenti sorcier, étaient importantes et Quatre-Vents transformait ainsi l’avenir du continent. Ce deuxième album reprend l’histoire là où elle s’arrêtait (au double sens du terme) : Quatre-Vents, plus ou moins toléré par sa tribu d’adoption, doit faire ses preuves et partir en expédition contre le puissant empire aztèque. Parti sur la route de Tenochtitlan, il croise un nomade iroquois, Crapaud-qui-coasse, lequel est à la recherche de la magie des hommes blancs, ces hommes qui naguère échouèrent à conquérir l’Amérique et qui s’enfermèrent dans des forteresses de pierre. Mais voilà, on ne manipule pas plus impunément les énergies temporelles que les armes à feu : les deux compagnons doivent faire face à leurs responsabilités. Ont-ils seulement la maîtrise de leur destin ? Baranko ne parcourt pas les sentiers battus : que ce soit l’Amérique alternative de La Danse du temps, où le futur soviétique de L’Empereur Océan, il sait conjuguer originalité et fantastique. On retrouve avec plaisir Quatre-Vents dans un récit de plus en plus uchronique puisque, cette fois, on croise enfin les conquistadors… ou du moins leurs vestiges. Le face à face est la mesure de l’histoire, étonnant. Le graphisme, à l’aune des scénarios, est séduisant, très inspiré par Moebius. De même, la mise en scène, très travaillée, fait penser à un montage cinématographique. En particulier, Baranko soigne ses décors, ses scènes d’action et de bataille (la charge des Indiens contre les troupes aztèques est magnifique), ses références même (Cervantès)… Tout cela confère à cette série une réelle cohérence, et un souffle particulier, évoquant western et grands espaces. Une idée originale, un univers fantastique et un dessinateur talentueux… que demander de mieux ? Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 25/06/2006 ) |
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